Le cinéaste iranien Jafar Panahi vient d’être condamné à six ans de prison, et vingt ans d’interdiction de réaliser des films et de voyager à l’étranger, pour « rassemblement et collusion contre la sécurité nationale et propagande contre la République islamique ».
Déjà condamné à trois mois de prison en mars dernier, Jafar Panahi a été de nouveau emprisonné. Le cinéaste, honoré de la Caméra d’or à Cannes en 1995 pour Le Ballon blanc, du Lion d’Or à Venise en 2000 pour Le Cercle, ou encore de l’Ours d’argent en 2006 à Berlin pour son film Hors jeu, vient d’être condamner à six ans de prison.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Selon son avocat Farideh Gheirat, il a été reconnu coupable de « participation à des rassemblements et de propagande contre le régime ». La sentence concerne aussi Mohammad Rasoulof, réalisateur du film La Vie sur L’eau en 2005, qui a lui aussi écopé de six ans de prison, pour des faits similaires.
Panahi: fer de lance du cinéma contestataire iranien.
Avec cette double arrestation, le régime iranien affirme clairement sa volonté de réprimer les artistes dissidents.
Depuis plusieurs années, Jafar Panahi s’est imposé comme l’un des metteurs en scène iraniens les plus mondialement reconnus. Rien que ce mois-ci, il a été invité à participer au jury de la prochaine Berlinale et voit une rétrospective de son œuvre projetée à Toronto.
En Occident, le réalisateur est devenu un porte-voix de la dissidence iranienne. Le pouvoir la bien compris en lui interdisant « de réaliser des films, d’écrire des scénarios, de voyager à l’étranger ou de donner des interviews à des médias locaux ou étrangers durant les vingt prochaines années ».
Les milieux intellectuels français rapidement mobilisé
Plusieurs personnalités sont déjà montées au créneau.
« C’est important qu’il sache que nous sommes là, a déclaré Bertrand Tavernier. Ce qui vient de se passer montre qu’on avait eu raison de prendre au sérieux les premières menaces à son encontre. »
Bernard-Henri Lévy, très actif sur le cas Jafar Panahi, accuse le pouvoir iranien de condamner le metteur en scène au simple motif « d’avoir l’intention de réaliser un film sur le mouvement vert » (l’opposition lors de l’élection présidentielle en 2009). « Son seul crime est d’avoir soutenu (Mir Hossein) Moussavi« souligne BHL, qui appelle « la communauté des cinéastes, le festival de Cannes et le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand » à soutenir le metteur en scène.
Une mobilisation qui aura fort à faire face au pouvoir de Téhéran. Ce dernier paraît bien décider à faire de Jafar Panahi un exemple dissuasif.
Martin Bodrero
{"type":"Banniere-Basse"}