Une chronique intimiste sur la filiation et la musique. La veine sentimentale d’Eastwood.
Pendant la Grande Dépression, au fin fond de l’Oklahoma. Le jeune Whit (Kyle Eastwood, le fils du réalisateur) vit avec sa famille dans une ferme misérable. La seule distraction des habitants est la venue régulière de l’oncle Red (Clint Eastwood), un homme séduisant, mais alcoolique et tuberculeux, qui vit de ses prestations musicales dans les bars. Or l’oncle Red a obtenu une audition au Grand Ole Opry de Nashville, lieu consacré de la country music. Il emmène avec lui Whit et le grand-père, qui veut mourir dans son Tennessee natal. Honkytonk man, qui appartient à la veine sentimentale de l’œuvre de Clint Eastwood (peut-être la plus fordienne), est un film sur la filiation, sur la passation de témoin entre deux hommes, un oncle et son neveu interprétés ici par un père et son fils. L’oncle malade enseigne la vie à son neveu, lui apprend à jouer de la guitare, à boire, à se défendre, l’emmène au bordel. Il lui montrera même comment mourir à la tâche… Eastwood signe un film nostalgique et émouvant, une chronique intimiste où il donne libre cours à sa passion pour la musique cinq ans avant de réaliser Bird , pour les musiciens, les ratés flamboyants, les marginaux obstinés, ceux qui se sacrifient à leur art sans espoir de retour, et plus généralement tous ceux qui se tuent à la peine. Une vision sans doute très romantique, mais dont la sincérité, servie par une mise en scène à la fois simple, libre et sophistiquée, force le respect. Admirable.
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