Découverte du tout premier film de Tim Burton en animation, où est déjà en germe tout ce qui constituera son univers de metteur en scène.C’est le tout premier film de Tim Burton. Il date de 1982, et ne dure que six minutes. Pas d’acteur en chair et en os (en fait, y en a-t-il jamais […]
Découverte du tout premier film de Tim Burton en animation, où est déjà en germe tout ce qui constituera son univers de metteur en scène.
C’est le tout premier film de Tim Burton. Il date de 1982, et ne dure que six minutes. Pas d’acteur en chair et en os (en fait, y en a-t-il jamais eu dans
les films de Burton ?), mais un personnage en animation, Vincent, 7 ans, sorte d’alter ego du jeune réalisateur : silhouette dégigandée, visage en lame de couteau, chevelure hirsute, grands yeux ronds, et surtout peur phobique du monde extérieur, repli sur un imaginaire tourmenté et gothique, le petit personnage solitaire se livrant à des expériences sur son chien afin de le transformer en zombie. Autrement dit, à la fois un autoportrait et le programme de l’œuvre à venir. Vincent préfère jouer avec les chauves-souris qu’avec ses copains : on pense à Batman. Le brouillard s’infiltre partout, comme plus tard dans Sleepy Hollow. Ses monstres sont
plus humains que les vrais humains qui, à l’inverse, s’avèrent monstrueux : ils préfigurent par là Edward aux mains d’argent ou le Pingouin de Batman Returns. Et ainsi de suite… Quant au texte à la Edgar Allan Poe en voix off, il est lu par… Vincent Price, idole d’enfance de Burton, acteur mythique du cinéma d’épouvante des années 60 avec des réalisateurs tels que Mario Bava. Ce choix n’est certainement pas innocent. L’analyse que propose le magazine Court-Circuit après la diffusion du court métrage n’hésite pas à en proposer une lecture œdipienne, sur la recherche du père. Pour comprendre, il faut revenir en arrière dans la bio de Burton. Né en 1958 à Burbank, dans la banlieue de Los Angeles, il est embauché en 1979, à l’âge de 21 ans, par les studios Disney. Mais la fin des années 70 est la pire des périodes pour le studio. Walt Disney est mort en 66, et l’entreprise n’a fait que péricliter depuis, sans retrouver, encore, un nouveau souffle.
Court-circuit n’hésite pas à proposer l’explication suivante, un raccourci, certes, mais très convaincant : le pauvre Burton, se trouvant sous-exploité et en manque de père, va régler ces deux problèmes en faisant produire au sein du studio Vincent, profitant de ce que Disney se cherche pour proposer un projet très alternatif, et surtout, confier la voix off à Vincent Price, le père qu’il s’est choisi. A travers Price, Burton va affirmer sa voix et sa voie, déviantes par rapport au dessin animé mainstream
représenté par Disney. La Burton touch est plus subversive, transgressive, obsessionnelle et sombre. Voire plus émouvante qu’il n’y paraît. Dix ans plus tard, Vincent Price jouera dans Edward aux mains d’argent, film plus douloureux et plus mélancolique que Vincent, où l’acteur interprétera l’inventeur d’Edward, mort sans avoir eu le temps de peaufiner sa créature. Et le vrai Vincent Price de mourir quelques jours après la fin du tournage… Une relation réalisateur-acteur que transposera
à nouveau Burton trois ans plus tard en mettant en scène Ed Wood et Bela Lugosi dans Ed Wood, sans doute son plus beau film. Tout se tient.
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