Ce film marque l’aboutissement de la première période de la carrière de David Cronenberg, quand celui-ci travaillait dans le secteur étroit de la série B fantastique et était loin de susciter l’intérêt et l’enthousiasme actuels qui accompagnent la sortie de ses films depuis Faux-semblants. Frissons, Rage et Chromosome 3, jalons importants de l’horreur moderne, avaient […]
Ce film marque l’aboutissement de la première période de la carrière de David Cronenberg, quand celui-ci travaillait dans le secteur étroit de la série B fantastique et était loin de susciter l’intérêt et l’enthousiasme actuels qui accompagnent la sortie de ses films depuis Faux-semblants. Frissons, Rage et Chromosome 3, jalons importants de l’horreur moderne, avaient rencontré soit l’indifférence, soit le mépris dégoûté de la critique « sérieuse » et bien pensante, sans parler de l’acharnement de lobbies et institutions canadiennes contre le jeune cinéaste régulièrement traité de pornographe. Pourtant, les premiers films de Cronenberg, bien que produits dans le système du cinéma d’exploitation, proposent déjà une réflexion intellectuelle sur le sexe, la violence et la répression, très influencée par Reich et Bataille. Le succès commercial inespéré de Scanners permettra ensuite au cinéaste de toucher un plus large public grâce à des films prestigieux sans pour autant renoncer à ses obsessions et à son approche du cinéma comme une exploration de la chair et de l’esprit. Scanners, ténébreuse histoire de jumeaux ennemis doués de pouvoirs psychiques extraordinaires, de conspirations entre organisations pharmaceutiques rivales, aborde sous certains poncifs représentatifs du cinéma de genre (course-poursuite, affrontement du Bien et du Mal, duel final) des thèmes similaires à ceux des romans de William Burroughs et contient des images proches de certaines forme artistiques contemporaines comme le « body art » (la fameuse tête explosive du prologue). Tout cela n’échappa guère aux spectateurs les plus perspicaces et aux admirateurs de la première heure du cinéaste, qui ne furent pas le moins du monde surpris lorsque Cronenberg décida dans les années 90 de s’atteler à des projets à la fois plus riches et plus expérimentaux, en adaptant à l’écran Burroughs ou Ballard.
(DVD vf et vo)
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