Au moment où Ségolène Royal et Martine Aubry s’affrontaient par déplacement interposé en banlieue parisienne, François Hollande était en Algérie. Pas encore officiellement candidat à la primaire du PS mais déjà en campagne.
En ce début décembre, 28 degrés à Alger, une Française qui a reconnu François Hollande arrive pour le prendre en photo. Le député européen Kader Arif chuchote pour prévenir son ami en pleine discussion : “Photo, François, lâche-toi”. Hollande, tout sourire, s‘exécute. Ne jamais insulter l’avenir…
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Outre Kader Arif, François Hollande est venu avec Stéphane Le Foll, député européen, et Faouzi Lamdaoui, membre du conseil national du PS, pour une visite de deux jours et demi à l’invitation du FLN dans ce pays qu’il connaît bien. Etudiant à l’Ena, il y était venu faire son stage de fin d’études avant de revenir en 2006 comme premier secrétaire du PS. “C‘est un passage obligé… avant 2012”, confie-t-il en rappelant que la présidentielle coïncidera avec le 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie.
La primaire du PS se jouerait-elle en Algérie alors que Dominique Strauss-Kahn – en sa qualité de patron du FMI – et Manuel Valls y sont passés juste avant François Hollande ? Pourtant, le passage de ce dernier à Alger n’a pas été très audible en France… Alors à quoi bon y aller ?
“C’est un message pour la communauté algérienne et tous ceux qui ont un lien avec l‘Algérie”, glisse François Hollande. Avant d‘ajouter plus tard : “Je ne suis rien venu gagner si ce n‘est peut-être les coeurs.”
Nous y voilà. François Hollande, qui a accordé de multiples interviews aux médias algériens, écrits et télé, n’a pas oublié la communauté française d’Algérie – plusieurs milliers de personnes – ainsi que les millions de Français d’origine algérienne. Autant d’électeurs potentiels… Il en profite aussi pour rencontrer une poignée de socialistes d’Alger : “Ce n‘est pas parce que vous êtes loin de Solférino qu‘il ne faut pas faire entendre votre voix.”
L’intéressé se défend pourtant d‘être venu sur place pour faire campagne. Encore moins “pour se forger une stature internationale”. Pourtant, l’Algérie est le premier déplacement à l’étranger d’une plus longue série qui devrait emmener François Hollande dès 2011 en Europe, en Afrique subsaharienne et dans un pays émergent, peut-être le Vietnam.
“Mais il fallait commencer par l‘Algérie, confie Faouzi Lamdaoui. En raison du lien personnel de François Hollande avec l’Algérie et du 50e anniversaire de l‘indépendance.”
Une manière de roder le dispositif de campagne… et de se présidentialiser. “Etre en campagne, renchérit Kader Arif, ce n’est pas simplement aller chercher des électeurs, c’est se préparer à exercer des responsabilités. L’Algérie, c’est un des sujets sur lequel le futur président aura à réfléchir.”
Un François Hollande reçu « avec les honneurs d’un chef d’Etat »
Pour ce voyage, le FLN n‘a pas lésiné sur les moyens. Gardes du corps collés aux basques de François Hollande et de la délégation, motards avec sirène et gyrophare pour escorter le cortège des voitures, pneus qui crissent, klaxon à gogo… Les Algérois regardent la scène, éberlués. Faouzi Lamdoui souligne avec délectation que “François Hollande a été reçu avec les honneurs d‘un chef d’Etat”.
Le député PS de Corrèze devra pourtant se contenter de représentants de Bouteflika – le président étant en Allemagne – et du président du Sénat, le troisième personnage de l’Etat. Pas d’importance, pour la délégation Hollande, le clou de la rencontre c‘est le rendez-vous programmé avec Ahmed Ben Bella, père de l’indépendance et premier président de la République algérienne.
“Je sais ce qu’il représente pour les Algériens et ce qu’il a fait pour l’indépendance de l’Algérie”, lance François Hollande à l’attention des journalistes devant Ben Bella.
L’homme, âgé aujourd’hui de 93 ans et qui n’a pas rencontré de politique français en Algérie depuis le coup d‘Etat qui l’a renversé en 1965, reçoit l’ex-premier secrétaire du PS dans sa maison sur les hauteurs d’Alger.
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