Kubrick adapte un banal roman d’horreur et signe une œuvre inspirée sur la folie, en explorant les mécanismes de la peur.
Jack Torrance, un écrivain en mal d’inspiration, sa femme et son fils s’installent pour l’hiver dans un hôtel désert perdu dans les montages. Le jeune garçon, doué de pouvoirs médiumniques, détecte la présence de fantômes dans la résidence, construite sur un cimetière indien et théâtre par le passé d’un drame. Les spectres ne tardent pas à entrer en contact avec Jack, qui va sombrer dans la démence meurtrière.
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Kubrick s’empare d’un banal roman d’horreur de Stephen King pour disséquer en vase clos le couple, la folie et l’impuissance créatrice. En perpétuelle recherche d’expérimentations, Kubrick décide, après les éclairages à la bougie de Barry Lyndon, d’utiliser la Steadicam, une caméra fixée sur harnais qui permet des mouvements d’une fluidité inédite, notamment lors de la poursuite finale dans le labyrinthe enneigé.
En exigeant de Jack Nicholson et de Shelley Duvall un jeu outré et grimaçant, Kubrick systématise son travail sur le visage humain transformé en masque et explore les mécanismes de la peur et de la violence. Attendu comme le film d’horreur définitif, Shining fut mal compris à sa sortie.
Malgré les visions cauchemardesques qui parsèment le récit et la convocation de folklores ancestraux et modernes du fantastique, Kubrick transcende une nouvelle fois les frontières du cinéma de genre et signe une œuvre cérébrale, effroyablement pessimiste.
Olivier Père
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