Une magnifique course-poursuite dans Paris, entre faux-semblants et inconstance des sentiments.Qu’est devenue la formidable Anne-Laure Meury, alias Lucie, lycéenne de (soi-disant) 15 ans, qui devient l’alliée du jeune héros, François, lancé dans une filature improbable ? Elle ne semble pas avoir fait carrière. Dommage, car c’était une comédienne d’une insondable fantaisie, genre Arielle Dombasle en […]
Une magnifique course-poursuite dans Paris, entre faux-semblants et inconstance des sentiments.
Qu’est devenue la formidable Anne-Laure Meury, alias Lucie, lycéenne de (soi-disant) 15 ans, qui devient l’alliée du jeune héros, François, lancé dans une filature improbable ? Elle ne semble pas avoir fait carrière. Dommage, car c’était une comédienne d’une insondable fantaisie, genre Arielle Dombasle en plus nuancée et espiègle. Mais Lucie n’est que la facette la plus brillante d’un joyau tel que même Rohmer n’en fait plus. Premier du cycle des Comédies et Proverbes, La Femme de l’aviateur est une splendeur, tournée en 16-mm dans les rues de Paris avec un naturel inouï. Le genre de film que le monde nous envie, car « only the French can ». Seul le cinéma français a troussé des comédies sentimentales à deux sous avec une telle élégance. L’intrigue, car Rohmer est le roi des intrigues, n’est qu’un prétexte, tout entier contenu dans le titre, pur leurre et moteur d’un quiproquo : François suit Christian, ex-amant de sa petite amie Anne et accessoirement pilote d’avion, qui est en compagnie d’une blonde inconnue. Si les scènes avec Anne sont très réussies, grâce à la présence troublée de Marie Rivière, c’est véritablement la poursuite du couple Christian-la blonde dans le bus, dans le parc des Buttes-Chaumont et les rues du XIXe arrondissement, qui est le clou du film. Le naturalisme rohmérien y vole en éclats : on sort de la réalité pour entrer dans le fantastique et le suspense. Dans les Buttes-Chaumont, malgré le badinage entre Lucie et François au premier plan, l’étrangeté du couple Christian-la blonde à l’arrière-plan renvoie à Blow up d’Antonioni. Que fait et que cache ce couple froid et distant que François suit du regard ? C’est là où l’humour bascule dans l’anxiété et où l’amour devient un fantôme inaccessible.
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