Le maître américain de l’étrange poursuit sa nouvelle série, entre vie amoureuse et évasion fantasmatique.
Peu d’auteurs utilisent, à l’instar de Charles Burns, leur planche à dessin comme tremplin pour leur inconscient. Cela rend encore plus fascinantes ses histoires dont il peine lui-même à verbaliser les enjeux ou les symboles. Lorsque l’on lit Black Hole ou la trilogie Toxic, il est conseillé, comme face à des films de Lynch, de suspendre la raison pour mieux laisser son esprit vagabonder.
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Dédales, série entamée il y a deux ans, exige le même abandon, d’autant que l’on est loin de la fin – quatre ou cinq volumes sont pour l’instant prévus.
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Mondes intérieur et extérieur
Pourtant, il s’agit sans doute du récit le moins étrange de l’auteur américain. Se livrant à une autobiographie déguisée, Burns raconte la romance naissante entre Brian, dessinateur compulsif réalisant des films amateurs de science-fiction horrifique, et Laurie, qui joue pour lui l’actrice et, de manière moins avouée, l’égérie. “Je me rends compte que certaines idées reviennent souvent dans mon œuvre comme cette division entre mondes intérieur et extérieur”, estimait Burns en 2019.
Ce sont justement ces zones de frottement entre fantasmes et réalité, ces moments où la chronique de la vie de jeunes adultes – l’apprentissage des sentiments et de la sexualité – bascule dans l’irrationnel, qui fournissent les images les plus sensuelles et hypnotiques.
Dédales 2 de Charles Burns (Cornélius), traduit de l’anglais (États-Unis) par David Langlet, 64 p., 22,50 €. En librairie le 26 août.
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