Les Hurleurs ont payé très cher un nom qui leur allait aussi bien qu’un bandana, des dreadlocks mités et un chien miteux aux Plastiscines : leur immense souffle lyrique et leurs ambitions musicales (présenter Brel à Joy Division, ce genre de défi simple) les distinguaient pourtant radicalement du landernau alterno, auquel ce patronyme malheureux les […]
Les Hurleurs ont payé très cher un nom qui leur allait aussi bien qu’un bandana, des dreadlocks mités et un chien miteux aux Plastiscines : leur immense souffle lyrique et leurs ambitions musicales (présenter Brel à Joy Division, ce genre de défi simple) les distinguaient pourtant radicalement du landernau alterno, auquel ce patronyme malheureux les a associés. Encore une fois parfaitement accompagné ? le leader de Fruitkey et un ancien Sloy en garde rapprochée, mais aussi quelques insoumis du rock d’ici dont Jean-François Pauvros, Joseph d’Anvers ou Patrice Chevalier, guitariste de Tricky ?, leur chanteur Jean Charles Versari a calmé la tempête, mais jamais la tension, sur un album admirablement produit, avec une suave brutalité et un luxueux dénuement par Ian Caple ? qui, pour avoir travaillé aussi bien avec Bashung que les Tindersticks ou Yann Tiersen, était l’homme idéal pour mettre en son cette mélancolie debout, droite, altière. Et si l’objet CD est tout noir, il fait à peine plus clair dedans : mais cette noirceur, drapée de satin, est plus celle où l’on rêve agité que celle où l’on cauchemarde. C’est la mélodie du corps engourdi, le murmure d’un rock qui sait qu’on ne peut pas hurler quand on rêve, le chant d’éther : de Low (qui eux aussi avaient repris Joy Division dans le coton ? ici, c’est Atmosphere qui y passe) à Lambchop, Versari joue, même quand pop, même quand exalté, dans cette lignée des dépressifs lumineux, des lents élégants. Sa voix a ainsi beau se débattre sans armistice contre des éléments hostiles, menaçants (électricité malade, free-rock ), elle impose constamment sa présence, sa suave gravité. La peau brûle la voix/La voix qui veut parler/La bouche qui la retient/La bouche a abdiqué/Elle ne raconte plus rien/Ça se passe aujourd’hui et ça n’a pas de fin’? Cette voix se dévore à pleine bouche.
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