Un homme amoureux veut récupérer son ex-femme. Jusqu’à l’obsession, jusqu’au crime, jusqu’à la folie. L’amour fou version brume et Schubert.
Entre 1970 et 1978, Jean-François Adam a réalisé trois films, avant de se suicider en 1980. Retour à la bien-aimée, le dernier des trois, est un peu la synthèse esthétique et thématique de son univers. Julien (Jacques Dutronc), un pianiste divorcé, ourdit une machination pour retrouver son ex-épouse Jeanne (Isabelle Huppert). Le film s’ouvre sur une intrigue policière à la Melville, dans laquelle Julien est seul face au monde. Puis, une fois que ce dernier a rejoint le château isolé où vit son ex-femme, Adam installe un climat onirique, des décors hiératiques baignés de brume et de thèmes de Schubert. Là, on comprend l’amour fou que voue Julien à Jeanne, et jusqu’où il est prêt à aller pour la retrouver. Mais sa blessure amoureuse l’isole, il reste toujours à l’extérieur des événements, comme un spectateur. Y compris quand, dans une scène intensément érotique, il s’immisce dans la chambre où dort Jeanne avec son nouveau mari.
La mise en scène de Jean-François Adam, très maîtrisée, très retenue, prend le risque de figer un scénario éminemment lyrique (que le réalisateur a écrit en collaboration avec Georges Perec, Jean-Claude Carrière et Benoît Jacquot). Une sorte de chaud-froid poétique, un opéra glacé et bouleversant. L’amour-passion selon Adam isole, rend fou, pousse l’homme à l’autodestruction. Jacques Dutronc est remarquable : une fois de plus, il prouve ici qu’il est le plus intéressant des acteurs français contemporains.
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