Sour Sick Soul

Anciens lauréats CQFD, Los Chicros n’avaient certainement pas été sélectionnés pour leur nom : trop neutre, vilain et potache pour décemment témoigner des chansons raffinées de ces cinq Parisiens. Les Chicros, nous disent-ils, seraient des nerds capables de se lever avant le soleil pour parcourir les videgreniers, en quête anxieuse de vinyles oubliés ? et aussi des crevards, des slackers, des pique-assiettes, des parasites, des taxeurs de clopes, bref, des mecs bien. Mais là où l’on connut d’autres esthètes avantageusement élevés au son carillonnant des sixties s’empêtrer dans l’hommage, les génuflexions et l’orthodoxie au moindre passage à l’acte, eux ont toujours su maintenir les distances avec une discothèque pourtant écrasante ? Zombies, Left Banke, ce genre de monuments’

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Comme pas mal d’excentriques américains qui entrent également dans leur composition (Grandaddy, Weezer ), ils forment de drôles de paroissiens, ricanant pendant les sermons, pêchant les grenouilles dans le bénitier, bayant aux corneilles quand le sérieux s’en mêle : leur musique possède cette qualité rare de mélanger érudition et aquoibonisme, méticulosité et nonchalance, avec cette grâce unique des cancres suprêmes élevés dans les meilleurs établissement (ils évoquent même parfois Air qui se moucherait dans sa chemisette Lacoste).

Car ils ont beau vénérer ces écritures complexes, ces arrangements biscornus et ces harmonies d’enfants de choeur, ils savent aussi, un peu à la manière de Tahiti 80, se vautrer dans l’hédonisme, dans ces musiques qui ne parlent qu’aux culs. Les Chicros, avec de l’alcool volé et de la dope taxée aux voisins, aiment faire la fête, puis danser en vrac jusqu’à l’aube ? et repartir immédiatement, les yeux rouges, dans les vide-greniers.