Aisément le plus beau porno de l’histoire, mais aussi l’un des plus beaux films d’amour fou et l’un des plus beaux films du monde, tout simplement. Oshima se distingue de l’ordinaire porno par une série d’options pas si compliquées que ça et qui ont partie liée avec le cinéma : filmer les rituels érotiques dans […]
Aisément le plus beau porno de l’histoire, mais aussi l’un des plus beaux films d’amour fou et l’un des plus beaux films du monde, tout simplement. Oshima se distingue de l’ordinaire porno par une série d’options pas si compliquées que ça et qui ont partie liée avec le cinéma : filmer les rituels érotiques dans leur durée et leur progression, adopter un montage long et patient, ne pas abuser des gros plans (leur rareté ne les rend que plus significatifs et saisissants) mais au contraire cadrer large, respecter l’intégralité des corps et des visages des acteurs, situer les corps en action dans leurs lieux et décors, ne jamais séparer le sexe et les sentiments, le physique et la métaphysique. Il y a également une forte dimension politique dans ce film qui montre une geisha progressivement prendre le pouvoir sur son maître, dimension liée à l’histoire culturelle du Japon mais aussi au contexte idéologique international d’une époque d’évolution globale des mœurs. L’Empire des sens avait évidemment secoué par son caractère pornographique (on a souvenir d’un échange musclé entre Bory et Charensol au Masque et la Plume). Aujourd’hui, cette charge érotique est toujours aussi troublante, mais le film frappe surtout par sa beauté, son raffinement, son féminisme (c’est la femme et sa quête confinant à la mystique qui mènent l’affaire) et par le dévoilement des rapports de domination, de soumission, d’abandon et d’addiction qui se jouent dans toute passion amoureuse. Certainement l’un des moments historiques de la Quinzaine.
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(Critique parue dans le supplément au n°646 des Inrockuptibles, Les 40 ans de la Quinzaine)
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