Et de cinq ! Depuis l’annonce de la candidature de Ségolène Royal à la primaire, le PS a désormais cinq candidats en course. Et bien plus encore en attente. La primaire, au fait, ça marche comment ?
Pour l’instant, ça ressemble à un Rubik’s Cube… Le PS est en train de mettre en place les modalités d’organisation de sa primaire pour désigner son candidat à la présidentielle. Il y a une semaine, pour la première fois, le Comité national d’organisation des primaires – prononcez d’un trait, en langage socialiste, le Cnop – s’est réuni au siège du parti. Des aspects techniques du processus y ont été évoqués : la cartographie des bureaux de vote, les listings électoraux, la mobilisation des électeurs… Rien de très marrant, mais une sacrée organisation à mettre en place pour éviter que la primaire échoue.
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Le principe d’une “charte éthique”, proposée par Arnaud Montebourg et Olivier Ferrand dans un rapport remis à Martine Aubry sur la primaire, a été aussi approuvé. Elle devrait établir des règles de comportement entre les candidats et éviter que la primaire ne vire au règlement de comptes entre les candidats comme en 2006.
La droite n’ayant eu qu’à faire son miel de ces belles divisions à la télé. Et pour veiller au respect de cette charge, une autorité indépendante ad hoc – c’est son petit nom – devrait être constituée dans les prochaines semaines. Elle sera chargée de valider les candidatures, de recueillir les possibles plaintes et réclamations, et éventuellement de proclamer les résultats de la primaire. L’ex-ministre Pierre Joxe est pressenti pour présider cet organe. L’intéressé n’a, à ce jour, pas donné sa réponse. Alors, la primaire c’est quoi, c’est qui, c’est où, c’est quand ? Revue des 5 points clés.
1. Le calendrier
Les dates exactes de la primaire seront fixées au cours d’un bureau national du PS en janvier. Pour l’instant, on ne connaît donc que les “zones” de vote selon le vocabulaire consacré. Dis donc, c’est flou ça… L’ouverture du dépôt des candidatures est prévue au mois de juin, la fermeture n’est pas arrêtée et le vote doit se faire à l’automne. Certains, à l’image de François Hollande, Manuel Valls ou Ségolène Royal poussent à une modification du calendrier pour accélérer la désignation du candidat. Que nenni, répond Martine Aubry, qui souligne que le calendrier a été entériné par les militants.
“Notre calendrier a été choisi en fonction de la date de la présidentielle, répond François Lamy, proche de la première secrétaire. Jusqu’à preuve du contraire, cette date n’a pas été changée. »
Dès lors, la campagne devrait battre son plein à l’université d’été de La Rochelle, en août prochain, en toute amitié bien sûr. Mais attention, pas question de finir mauvais “camarades” à l’issue de la campagne. Il est prévu qu’une “convention d’investiture et de rassemblement” clôture ces mois de compétition : les candidats éconduits étant priés d’apporter leur soutien au vainqueur. Fra-ter-ni-té !
2. Les électeurs
La primaire du PS sera ouverte à tous les militants et sympathisants de gauche. “Ce sera un succès si on mobilise un million d’électeurs”, souligne Olivier Ferrand, qui a travaillé sur le rapport de la primaire avec Arnaud Montebourg, “mais on en vise entre 2,5 et 4 millions”. Rue de Solférino, on se refuse à fixer un objectif de cet ordre. “Si l’on multiplie par quatre ou cinq le chiffre des militants, ce sera déjà une bonne base”, commente François Lamy. Aujourd’hui, le PS recense environ 177 000 militants.3. Les modalités Trois conditions pour pouvoir voter à la primaire du PS : être inscrit sur une liste électorale, s’engager par écrit le jour même à “soutenir les valeurs de gauche” et payer un euro minimum. Pour ceux qui ont moins de 18 ans ou pour les étrangers, il suffit d’être encarté au Parti socialiste. Malins, les socialos. On est mauvaises langues… Le PS lancera dans le même temps une campagne d’inscription aux listes électorales.
Les concepteurs Montebourg et Ferrand estiment que l’idéal serait d’avoir au moins 10 000 bureaux de votes. Pour des questions de logistique et d’organisation, le PS serait déjà bien content s’il arrive à en avoir entre 5 000 et 10 000 dans toute la France, dans les lieux habituels : les salles polyvalentes, les écoles, les mairies, le tout organisé par des militants et des sympathisants. Le PS s’engage déjà à prévoir un bureau de vote par canton dans les zones rurales.
4. Les candidats
Cinq candidats sont déjà déclarés : Manuel Valls, Arnaud Montebourg, Daniel Scornet, l’ex-président des Mutuelles de France, et Christian Pierret, maire PS de Saint-Dié-des-Vosges… et désormais Ségolène Royal.
D’autres candidats dits “potentiels” – certains faisant peu mystère de leur intention d’y aller comme François Hollande – peuvent aussi se jeter dans la course : outre Hollande donc, Dominique Strauss-Kahn, Martine Aubry, Pierre Moscovici, Gérard Collomb, Jean-Louis Bianco…
Pour pouvoir se présenter, chaque candidat devra obtenir des parrainages : 5% des parlementaires PS ou 5 % des membres du conseil national du PS, ou 5% des conseillers régionaux ou généraux PS issus de 10 départements ou 4 régions, ou 5 % des maires socialistes des villes de plus de 10 000 habitants issus de 4 régions différentes. Chaque élu ne pouvant attribuer qu’un parrainage. Compris ?
5. Pacte, pack… ou foire d’empoigne ?
Les dernières déclarations d’Aubry n’en finissent pas de faire des remous. Au 20 heures de France 2, le 24 novembre, elle lance :
“Nous (Aubry, Royal et DSK – ndlr) proposerons une candidature véritablement ensemble, c’est-à-dire pas l’un contre l’autre ou l’une contre l’autre.”
Aussitôt, Hollande et Valls dénoncent un “arrangement” et une “troïka”. Royal se pose en “garante” du bon déroulement des primaires. A la formule de “pacte”, elle préfère celui de “pack”. “Il n’y a pas de pacte pour empêcher les primaires”, répond-elle, mais la nécessité de se rassembler “plutôt dans un pack que dans un pacte pour battre la droite”. Une façon habile de rester dans la course à la présidentielle : “Personne ne s’interdit d’être candidat aux primaires, y compris moi.”
Pas question de se laisser ficeler… Ségolène Royal n’en démord pas. Ce lundi soir, elle accélère le tempo et annonce à deux quotidiens régionaux La Nouvelle République du Centre-Ouest et Centre Presse sa candidature à la primaire : « Le moment est venu d’avancer dans la clarté et la simplicité« . Et d’ajouter : « Je sais d’expérience qu’il faut plus que quelques mois pour se préparer et pour rassembler. » L’interview a été préalablement transmise à l’entourage de Martine Aubry et DSK. En somme, une manière de laisser entendre qu’il n’y avait pas de rupture dans l’unité prônée depuis plusieurs mois.
Ce matin, sur France Inter, Ségolène Royal a décidé d’occuper le terrain… y compris face à DSK qui caracole dans les sondages.
« Dominique est, c’est vrai, le mieux placé dans les enquêtes d’opinion » pour l’emporter en 2012, reconnaît Ségolène Royal soulignant toutefois que ce dernier avait pour l’instant, la »volonté d’accomplir jusqu’au bout » son mandat à la tête du FMI qui court jusqu’à l’automne 2012. « S’il revient au mois de juin, à ce moment-là nous déciderons, nous parlerons et nous verrons quel est le meilleurs dispositif gagnant. S’il ne revient pas, il sera indispensable à notre équipe », assurant que DSK serait « le meilleur chef de gouvernement que la France pourrait avoir« .
Pas sûr que les strauss-kahnien goûtent tous à cette déclaration. Sur son blog, le strauss-kahnien Jean-Chritophe Cambadélis a publié un billet aigre-doux en réaction la candidature Royal :
« Il n’est pas anormal, vu un calendrier final fixé à l’été, que les candidats les moins bien placés dans les sondages et dans le Parti socialiste se lancent de loin. Maintenant, il ne faut pas que la libre présentation des candidatures tourne à la foire d’empoigne. »
Officiellement, la campagne commence au mois de juin prochain… Officieusement, c’est à l’appréciation de chacun.
Marion Mourgue
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