Comment la télévision transforme les êtres humains en humanoïdes. Une terrifiante démonstration de violence totalitaire.
A l’heure où en France, une chaîne du service public est capable de dire le contraire de la vérité pour concurrencer une chaîne privée, c’est tout juste
si Network, « l’histoire du premier homme assassiné parce qu’il ne faisait pas assez d’audience », semble de la science-fiction. Howard Beale, sorte de PPDA en fin de carrière, va être viré parce que son audience baisse. Il promet en direct qu’il se suicidera lors de son dernier journal. Cette annonce elle-même bat des records d’audience.
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Sentant le bon filon, Diana, une jeune productrice aux dents longues (impériale Faye Dunaway) le pousse à se transformer en prophète fou, hurlant sur un ton de prédicateur ce qu’il a au fond du cœur. L’audience grimpe irrésistiblement, d’autant que Diana ajoute à ce JT-spectacle les prévisions d’une voyante, l’avis de la vox populi, les secrets d’alcôve d’une Mata Hari new style, etc.
Mais le plus terrifiant du film n’est pas cette avalanche de démagogie pour toujours plus d’audience. Ce qui effraie vraiment, c’est la scène de rupture entre Diana et Max, le chef de l’information qu’elle a remplacé. Ils ont eu une liaison, il la quitte en lui balançant ses quatre vérités, concluant sur l’idée, si juste en ce qui la concerne, que la télévision transforme les êtres humains en humanoïdes, en robots, incapables de ressentir ni joie ni peine, mais transformant tout en images chocs, et en indices d’écoute.
Sidney Lumet, qui a souvent traité la violence totalitaire, ne l’a peut-être jamais fait avec autant de clairvoyance et de force qu’ici.
Olivier Nicklaus
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