En plus de « Libération », « Marianne » et le « Nouvel Observateur », l’équipe d’Action discrète a aussi tenté de piéger le « Canard Enchaîné ». Non seulement l’opération a échoué mais elle a aussi été filmée par une télé suisse présente sur place.
La scène se passe juste devant les bureaux du Canard Enchaîné. Mardi 16 novembre, le groupe Action discrète compte infiltrer la rédaction du journal pour une caméra cachée. Manque de chance : la Télé Suisse Romande (TSR) tourne au même moment un reportage dans les locaux de l’hebdomadaire et capte d’étranges interférences : « Envoyez une deuxième équipe d’urgence ! » Les sons proviennent visiblement d’une jeune femme postée face au journal et munie d’un micro HF dissimulé.
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Intrigué, le journaliste du Canard interrogé par la TSR descend inspecter les lieux. Il questionne alors la jeune femme visiblement très embarrassée. Il s’agit en fait d’un membre d’Action discrète qui devait sans doute préparer le terrain.
Le reste de l’équipe ne tarde pas à venir lui prêter main forte. D’abord un marchand de fleurs, puis deux autre acteurs, casquette et capuche sur la tête. Ces derniers jouent leur rôle de faux jeunes : « C’est un journal politique, c’est bien… Mais la vérité c’est que vous balancez trop ! (…) Donc faites attention, vous êtes pas sûr de vos trucs vous balancez sur le gouvernement (…) », lancent-ils, agressifs, avant de menacer de « revenir à 40 ». Le tout filmé par la TSR, depuis les locaux du journal incriminé.
Environ trois quart d’heures plus tard, l’équipe revient sur place pour s’excuser et tout expliquer au journaliste. Pour s’assurer de la validité de leur propos, celui-ci contacte le producteur d’Action discrète, Yves le Rolland. Le projet de l’opération est bien confirmé au Canard Enchaîné. Les comédiens repartent, démasqués et « l’air un peu mauvais perdant », affirme le rédacteur. On lui demande de ne pas ébruiter la plaisanterie car les humoristes prévoient de visiter d’autres journaux. Leur émission sur l’espionnage des rédactions sera en effet diffusée cinq jours plus tard, le 21 novembre. On y voit l’équipe infiltrer les locaux de Libération, du Nouvel observateur et de Marianne. Mais aucune image du Canard Enchaîné. Où tel fut pris qui croyait prendre.
Alexandre Seba
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