Comme nombre de cinéastes modernes, Cassavetes utilisait aussi le cinéma comme un moyen de communiquer avec la femme qu’il aimait. Ici donc, l’amour de sa vie, Gena Rowlands, dans le rôle d’une mère de famille qui vire borderline. Une couche de trop à changer ? Un repas de trop à cuisiner et à servir ? […]
Comme nombre de cinéastes modernes, Cassavetes utilisait aussi le cinéma comme un moyen de communiquer avec la femme qu’il aimait. Ici donc, l’amour de sa vie, Gena Rowlands, dans le rôle d’une mère de famille qui vire borderline. Une couche de trop à changer ? Un repas de trop à cuisiner et à servir ? Un programme débile de trop à la télévision ? Cassavetes ne cherche pas à identifier la goutte d’eau qui fait déborder Gena Rowlands. Il aimait les gens, il aimait ses personnages et ne leur demandait pas une carte de bienséance pour leur accorder son attention. Au contraire, pochetrons, clodos, maniaco-dépressifs, prolos : la caméra de Cassavetes était plutôt attentive aux personnes en marge, à tous ceux qui n’étaient pas au centre des normes imposées par le social. D’où la teneur d’Une Femme sous influence,mélange d’inconfort (rapport à nos certitudes sur les gens, la folie, le cinéma) et de générosité irréductible (le film redonne foi en l’humain). Cassavetes brouillait les frontières entre maboulerie et normalité. Une ménagère qui pète les plombs et les conventions des rapports humains n’est-elle pas saine, ou au moins digne d’amour ? Les gens qui continuent à se satisfaire sans broncher des signes étriqués leur donnant l’illusion du rêve américain ne sont-ils pas les vrais tarés ? Les longs plans-séquences de Cassavetes sont aussi inconfortables que les questions qu’il pose. Et tout cela ne l’empêche pas de réaliser aussi un magnifique documentaire sur son actrice de femme.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}