Un Coppola de la grande époque en forme de polar intimiste, avec un Gene Hackman tout en retenue.
Bien avant Brian De Palma et son Blow Out, Coppola avait imaginé une transposition de Blow Up dans le domaine du son. Très représentatif de l’atmosphère de paranoïa politique de l’époque de Nixon, ce film de 1974 aux antipodes des baudruches décoratives de Coppola, est un thriller intimiste proche de Cassavetes et du cinéma européen d’alors, dont le cinéaste intègre génialement les acquis la durée des plans, la liberté du récit, le sens de l’abstraction. L’intrigue est haletante, mais elle impressionne moins que le climat urbain sous-tendu par une musique jazzy (du beau-frère de Coppola) et que la mélancolie diffuse baignant de bout en bout cette œuvre en demi-teintes. Le film livre par ailleurs une intéressante réflexion sur la notion de vie privée. Ne pas oublier l’interprétation de Gene Hackman, superbe de retenue dans le rôle du privé solitaire Harry Caul, catholique taciturne gagné par le doute et le sentiment de culpabilité. Revoir ce film aujourd’hui et/ou Apocalypse Now permet de constater à quel point Coppola n’est aujourd’hui que l’ombre de ce qu’il a été et à quel point le cinéma américain a perdu de son tranchant et de sa grâce. Tout en faisant écho à l’affaire du Watergate quasi en direct, Coppola annonce en visionnaire l’ère de contrôle médiatico-technologique dans laquelle nous pataugeons actuellement.
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