Dix ans après sa création, La Chaîne Parlementaire invente des émissions qui veulent renouveler les relations entre les politiques et les citoyens.
« Une anti-chaîne d’info » : pour son directeur des programmes Christophe Mouton, La Chaîne Parlementaire tourne le dos à l’inflation du news politique en misant sur l’originalité des formats.
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« L’idée est de sortir du fast news, des petites phrases, pour offrir un contenu qui ait une réelle valeur ajoutée », insiste-t-il.
Une liberté rendue possible par un statut bien particulier : LCP dispose d’un budget voté chaque année par l’Assemblée nationale et n’a pas recours à la publicité pour se financer.
Créer une parole politique inédite
Pour développer sa notoriété, la chaîne mise sur ses magazines. Détours d’Europe, présenté par Maja Neskovic se veut ainsi non pas un discours sur l’Europe, mais un road-movie où la journaliste part à la découverte des conditions de vie des habitants des autres pays de l’Union.
Mais les innovations ne sont pas uniquement formelles : la chaîne veut inviter les politiques sur des terrains peu familiers. L’idée est de créer une sorte de laboratoire d’une parole politique inédite.
Dans le magazine Toques et politique, Périco Legasse met ainsi chaque mois deux députés devant les fourneaux en élaborant avec eux une recette emblématique de leur région.
Autre exemple : dans Tout dépend 2, Benjamin Vincent confronte chaque semaine une personnalité politique à deux jeunes adultes.
« J’interviewe l’invité dans la voiture qui nous amène vers le studio, puis après je m’éclipse et le laisse en tête à tête avec les jeunes. C’est un moyen pour qu’il se passe quelque chose entre eux, pour que le politique sorte du cadre de l’interview classique. »
Les nouveautés de la rentrée cultivent aussi cette lecture transversale de la politique : fraîchement arrivée sur LCP, la journaliste Colombe Schneck reçoit chaque semaine dans Filigranes un artiste et revisite à travers son oeuvre le contexte politique.
Des déclinaisons autour de la vie publique qui n’hésitent pas à bousculer les codes, allant même parfois jusqu’à jouer avec ceux de la téléréalité, comme dans l’émission J’aimerais vous y voir, qui amène un élu à se mettre dans la peau de ses administrés.
Ces formats sont rendus possibles par des politiques qui pressentent l’intérêt de maîtriser des exercices télévisuels nouveaux.
« Dans un premier temps, ils étaient souvent rétifs : ils sont habitués à venir sur un plateau, répondre à des questions et à repartir. Mais aujourd’hui, ils jouent de plus en plus le jeu, notamment ceux de la génération Royal-Sarkozy, qui sont littéralement des enfants de la télé, contrairement à ceux de la génération Chirac-Mitterrand », explique Christophe Mouton.
Des innovations qui pourraient donc bien, à terme, modifier véritablement les rapports entre politiques et caméras.
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