Un grand film dépressif sur la solitude et l’amour. Daniel, un garçon de 10 ans, est élevé par sa grand-mère dans un coin de verdure avant que sa mère (Ingrid Caven) ne l’emmène vivre à Narbonne. Daniel découvre la ville, le travail, la sexualité, la solitude… Autant La Maman et la Putain était un film […]
Un grand film dépressif sur la solitude et l’amour.
Daniel, un garçon de 10 ans, est élevé par sa grand-mère dans un coin de verdure avant que sa mère (Ingrid Caven) ne l’emmène vivre à Narbonne. Daniel découvre la ville, le travail, la sexualité, la solitude… Autant La Maman et la Putain était un film de paroles, jusqu’à l’exaspération, autant Mes petites amoureuses est fait de silences, de mots et de plans retenus. L’émotion, diffuse, sourd de l’opposition constante entre le réalisme des images et l’artificialité du jeu des acteurs. Chaque plan est un événement. Aucun sentiment n’est exprimé. Le film montre la peine, le doute, la peur qui accompagnent les actes de cet enfant meurtri, sans doute parce qu’il pressent que chacun l’enfonce dans une fatalité sociale. On ne peut que rester sidéré devant cette vision désespérée de la vie et de la province. Eustache, en dehors de toutes ses influences (Renoir, Guitry, Pagnol, Murnau, Dreyer), c’est un peu un Bresson sans Dieu. Son monde est typiquement « sud-ouestiste », celui des « pichous » ou des « cacous », de ces médiocres flamboyants qu’on trouve aussi dans les BD de Max Cabanes. Quant aux filles, qui n’acceptent de se laisser toucher que si on accepte de les épouser, ce sont des pièges sociaux, des trous peu bandants dont on ne sortira jamais libre. Du pur cinéma dépressif. Daniel semble prêt à tomber, mais reste debout, résolu à s’adapter malgré tout (« Ils souffrent mais supportent tout », disait Lilian Gish à la fin de La Nuit du chasseur). Eustache, lui, semble repousser un peu plus sa vie derrière lui.
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