L’univers de Buñuel fils évoque plus le cinéma de Ruiz que celui de son père. Traversez le miroir avec une Deneuve éblouissante.
Ne pas se fier au titre : il ne s’agit pas vraiment d’une histoire de fétichisme. Et pourtant, Juan Buñuel est bien le fils de son père : on retrouve ici le couple vedette de Tristana, Fernando Rey et Catherine Deneuve (oui, le fils a voulu la même actrice que le père, la même femme hello œdipe), et surtout l’univers buñuelien, ironiquement surréaliste. Au petit jeu de la comparaison, on pourrait être très méchant. On préférera au contraire pointer les raisons nombreuses, finalement d’apprécier ce film qui reste injustement méconnu.
Françoise (Deneuve baptisée du nom de sa sœur défunte, ça commence bien) est une écrivain dotée d’irrésistibles dons de sorcellerie. Elle est repérée par Pérou (Rey), un milliardaire qui déteste l’art et le hasard. Il l’invite à écrire dans sa maison de campagne. Là, une savoureuse partie d’échec, au sens propre comme au sens figuré, va les opposer. Traversée du miroir, trompe-l’œil… : on s’immerge dans un univers onirique et magique, entre Lewis Carroll et Mandrake, Henry James et Oscar Wilde. Deneuve apporte une nuance d’érotisme bienvenue dans ce bric-à-brac : il faut la voir se dévoiler d’un coup de cape pour se retrouver entièrement nue devant un Rey bouche bée.
A l’arrivée, ce film de Buñuel Jr évoque davantage le cinéma de Ruiz (encore un grand cinéaste avec qui Deneuve a tourné, elle n’en aura décidément pas manqué beaucoup) que celui de son père. Juan n’a pas tourné grand-chose depuis. Raison de plus pour se précipiter sur ce film unique, une curiosité qui mériterait de devenir culte.
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