François Ozon signe une adaptation du récit d’Emmanuèle Bernheim qui esquive la douleur avec ruse.
On peut assez nettement distinguer deux veines dans le cinéma de François Ozon. Une première impertinente et fantasque – c’est celle qui a fait le succès de ses débuts (Sitcom). Une seconde plus sérieuse, tournée vers un idéal classique dont Grâce à Dieu constituerait l’accomplissement. Tout s’est bien passé est un film de la veine sage.
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Il est adapté du roman éponyme d’Emmanuèle Bernheim, dans lequel l’écrivaine décrivait comment, après un grave accident vasculaire cérébral, son père, âgé de 85 ans, lui demanda de l’aider à mourir. À ce sérieux label d’authenticité s’ajoute, dans le rôle de cette fille dévouée, la présence de la superstar française Sophie Marceau, première fois chez Ozon qui a pourtant toujours rêvé de la filmer.
Dans sa première partie, Tout s’est bien passé file comme un film d’action : on y suit les incessants allers-retours d’Emmanuèle de chez elle à l’hôpital, on y entend les sonneries de ses coups de téléphone intempestifs et les diagnostics incompréhensibles des médecins. Et c’est avec une certaine agilité, une qualité de mise en scène et d’incarnation que le film parvient à saisir quelque chose de cette mécanique administrative d’une mort annoncée et bientôt programmée.
Un rapport père-fille complexe
Mais ces quelques prouesses accomplies, Tout s’est bien passé conserve un goût assez tiède. La suite du film se déroule, elle, sans encombre. Elle accomplit le devoir de réflexion aussi intime que politique qu’appelle son sujet (l’euthanasie : une question de vie mais aussi de riche ?) pour tricoter un rapport père-fille dont la complexité (amour/haine) paraît factice et éculée.
Si Tout s’est bien passé est trop sage, c’est parce qu’il est trop mesuré. Il se contente de quelques brèves et anecdotiques séquences de rêve pour donner l’illusion d’une étrangeté, d’une mise en danger de son propre équilibre, en même temps qu’il se refuse à plonger franchement dans le mélodrame pour lui préférer convertir patiemment et non sans ruse son matériau mortifère en récit “feel good”. Oui, tout s’est bien passé.
Pas plus.
Tout s’est bien passé de François Ozon, avec Sophie Marceau, André Dussollier, Géraldine Pailhas (Fr., 2021, 1 h 53). En salle le 22 septembre
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