Transposition stylisée des souvenirs d’enfance du cinéaste à Rimini dans les années 30, à l’époque où le fascisme régnait en Italie.
Amarcord se présente comme une suite de vignettes nostalgiques et loufoques, introduites par divers narrateurs. Au début, l’amorce du printemps est introduite par deux signes concomitants : des sortes de duvets végétaux apportés par le vent, qui symbolisent la floraison, et les poussées hormonales chez les adolescents, qui manifestent un intérêt démesuré pour les courbes féminines. D’où les premiers plans où le cinéaste passe parle truchement du regard de Titta, son alter ego adolescent, pour fixer le popotin ondulant de la Gradisca, la femme fatale de la ville. Idem pour les gros plans sur les miches des demoiselles grimpant sur leur vélo. Les premiers émois du cinéaste italien devaient être sexuels ou ils n’auraient pas été.
Fétichiste, comme toujours, Fellini subordonne son humour et son amour pour la caricature ici elle s’exerce surtout à l’endroit du fascisme, décliné sous forme de plaisante absurdité à sa libido baroque, pierre de touche de son art. Sur ce plan, Amarcord est un réel festival : masturbation collective, visite à la buraliste aux attributs surréalistes qui figure cette castratrice maternelle (figure vampirique dont la plus fantastique incarnation fellinienne sera Anita Ekberg dans le sketch La Tentation du docteur Antoine). Mais parfois la frustration sexuelle conduit à la folie, comme en témoigne une des scènes les plus grinçantes du film, qui reste sur le fil du rasoir, avec l’oncle Théo, sortant de l’asile psychiatrique et se réfugiant sur un arbre pour hurler : « Je veux une femme ! » Au-delà de la dimension cocasse de cette scène se révèle la dimension tragique de cette œuvre chamanique.
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