Au-delà du phénomène de foire, une initiation au plus haut des arts philosophiques : l’érotisme.D’Emmanuelle neuf millions de spectateurs en huit ans , on ne retient souvent qu’un phénomène sociologique d’érotisme de masse. Et des clichés kitsch : les atmosphères chuchotées à la David Hamilton, les séquences de touche-pipi saphique dans des fauteuils en […]
Au-delà du phénomène de foire, une initiation au plus haut des arts philosophiques : l’érotisme.
D’Emmanuelle neuf millions de spectateurs en huit ans , on ne retient souvent qu’un phénomène sociologique d’érotisme de masse. Et des clichés kitsch : les atmosphères chuchotées à la David Hamilton, les séquences de touche-pipi saphique dans des fauteuils en rotin et les ritournelles de Pierre Bachelet. Mais on évite systématiquement de parler de l’essentiel : l’érotisme. On ne retient jamais l’extraordinaire diatribe contre le couple d’Alain Cuny, plus claudélien que jamais : « Une femme que l’on engrosse au fond d’un lit conjugal ne connaît pas l’érotisme. Il faut rendre le couple hors-la-loi. Il faut célébrer l’érotisme comme
une victoire du rêve sur la nature… »
Trente ans après, Emmanuelle pourrait être notre maman, mais qu’avons-nous retenu de sa leçon ? S’il est bien vu de parler de cul à toutes les sauces sur les plateaux télé branchés, il convient toujours de grimacer face à cette ignominie que reste, beuârk, « l’échangisme ». On préfère célébrer le culte du couple (rassurant) et du mari (idéal). Loin de ce conformisme réactionnaire, Emmanuelle envisage l’érotisme comme un désir de lucidité radicale, une religion de l’insolite, un art de la découverte de soi et de l’autre. Car telle est l’essence de l’érotisme : oser. Oser abolir les frontières. Oser devenir les acteurs éclairés de notre sauvagerie. Oser avouer que nous rêvons tous d’abandon, qu’une Emmanuelle sommeille en chacun de nous. Oser, quitte à se faire traiter de salope. C’est ce qu’entreprend Emmanuelle en abolisssant la honte, cette peur, cette tyrannie tapie au fond de chacun d’entre nous.
Luc Arbona
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