Tourné vers l’acoustique et le naturel, le songwriter suédois trouve la paix sur ce quatrième album solo.
Une guitare acoustique comme meilleure amie, un timbre de voix songeur et apaisant, des gazouillis d’oiseaux en guise de chœurs… Local Valley, le nouvel album de José González, charme sans aucun artifice. Les débuts du Suédois au sein d’un groupe de punk hardcore semblent bien loin. Ou peut-être pas. “J’en ai gardé quelques traces, nous confie-t-il via Zoom depuis une forêt ensoleillée. Notamment l’idée de fabriquer une musique qui pourrait déranger certaines personnes.”
“On retrouve ça dans la plupart de mes paroles, par exemple dans Head On, proche de ce que j’écrivais durant ma période hardcore. Des textes qui accusent, qui piquent une colère, qui veulent déclencher l’action. Évidemment, beaucoup d’autres genres m’inspirent aussi.”
On a pu s’en rendre compte dès son premier LP solo, Veneer (2003), ou pendant les années 2010 sur les deux disques de Junip, le trio qu’il a cofondé : sa musique nomade mêle folk ancestral, inspirations latino-américaines, rythmiques chamaniques d’Afrique de l’Ouest et pop cosmique. Le goût de l’ailleurs se reflète dans sa propre histoire.
“Je me sens plus extraverti vis-à-vis du monde”
Né à Göteborg de parents argentins ayant fui la dictature, José a grandi en écoutant autant de sons venus d’Amérique du Sud que de pop mainstream, avant de s’inscrire dans la lignée de Nick Drake. Il a lancé sa carrière de musicien après un doctorat en biochimie et milite depuis longtemps pour l’écologie et le mouvement de l’altruisme efficace.
Sur Local Valley, il alterne trois langues : l’anglais, le suédois et l’espagnol. “Avant, j’ai beaucoup utilisé l’anglais, peut-être parce que cela créait une distance avec moi-même qui me plaisait. Le suédois et l’espagnol me font choisir des mots plus directs et j’apprécie ça de plus en plus. C’est surtout la musique qui me donne la direction des paroles, plutôt que la langue.”
“Cette fois, j’avais envie d’être plus éclectique dans les thèmes : j’aborde des sujets pesants, comme la mort et d’autres questions existentielles, mais aussi des choses beaucoup plus légères et enjouées. J’ai composé les suites de plusieurs anciens morceaux : par exemple Visions fait écho à Every Age, El Invento à Open Book… On peut déceler plusieurs jumelages de ce genre.”
Depuis Vestiges and Claws (2015), José González a franchi la barre des 40 ans, accueilli son premier enfant en 2017 et sa compagne s’apprête à accoucher d’un deuxième bébé au moment où il nous parle. “Tout cela m’a poussé à faire le point sur qui je suis, qui j’ai envie d’être, explique le songwriter. Ce cheminement se répercute sur ma musique. Je me sens plus extraverti vis-à-vis du monde.” L’une des chansons s’intitule Horizons et, effectivement, cet artiste aussi réfléchi qu’instinctif donne l’impression de regarder droit et loin devant lui, depuis la cime d’un arbre centenaire.
Local Valley (City Slang/PIAS). Sortie le 17 septembre