L’Exorciste ressort dans une version restaurée plus longue. Il fut un temps où la pratique du director’s cut concernait quelques grands films maudits dénaturés par les producteurs à cause de leur longueur ou de leur ambition. Les deux plus célèbres et récents exemples furent Pat Garrett et Billy le Kid de Peckinpah et La Porte […]
L’Exorciste ressort dans une version restaurée plus longue. Il fut un temps où la pratique du director’s cut concernait quelques grands films maudits dénaturés par les producteurs à cause de leur longueur ou de leur ambition. Les deux plus célèbres et récents exemples furent Pat Garrett et Billy le Kid de Peckinpah et La Porte du paradis de Cimino, que le public et les cinéphiles purent enfin apprécier à leur juste valeur, dans des versions rétablissant les intentions du cinéaste. Désormais, le director’s cut, encouragé par les éditions DVD avides de bonus, est une entreprise purement commerciale qui permet d’offrir une nouvelle carrière aux gros succès des années 70 et 80. C’est le cas de L’Exorciste, référence indéboulonnable dans le registre « grande trouille ». Unique triomphe de Friedkin, encore auréolé des oscars de French Connection, L’Exorciste n’a pourtant rien d’un chef-d’œuvre cinématographique, ni même d’un grand film d’horreur. Ennui de la longue introduction, lourdeur de la psychologie des personnages, grand-guignol des scènes de possession (ah ! la purée de pois dans la tronche) : le film se drape dans une approche réaliste mais néanmoins racoleuse de son sujet. Avant ses dérives fachos, Friedkin est déjà un cinéaste incommode qui malmène le spectateur mais flatte également son sadisme anti-enfant en infligeant à une fillette de 12 ans un traitement pas très catholique. Avec son cynisme, sa roublardise, son exploration faussement torturée des territoires du mal et de la folie (seul Sorcerer, son meilleur film, est une véritable œuvre malade, contaminée par l’enfer de son tournage), Friedkin est bien sûr un cinéaste « culte », voire de nouveau à la mode, malgré les bides répétitifs de ses derniers navets. Il a même des héritiers très tendance, David Fincher et David O. Russell, encore moins fréquentables que lui. Pour revenir à L’Exorciste, les scènes en plus n’apportent rien. La nouvelle fin, supprimée du montage original, est inférieure à la précédente. Finalement L’Exorciste, ce n’est pas du vomi, c’est du flan.
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