En perte de vitesse, le quotidien The Independent lance i. La déclinaison allégée et bon marché d’un titre racheté par le Russe Alexandre Lebedev.
Depuis son lancement en 1986, l’influence du quotidien anglais The Independent sur ses pairs, ainsi que la qualité de ses écrits et de ses scoops, ont été inversement proportionnels à ses chiffres de vente.
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Bon dernier des quotidiens nationaux en termes de vente – 185 815 ventes quotidiennes contre plus de 3 millions pour le Sun -, The Independent reste pourtant une référence, fréquemment pillé pour son contenu et ses innovations.
Il a ainsi été le premier des « grands » quotidiens à offrir une version en format tabloïd, taille vite adoptée par la concurrence avec des résultats de vente autrement plus spectaculaires.
En nette perte de vitesse depuis deux ans, le quotidien récemment racheté (pour une livre !) par le Russe Alexandre Lebedev, a lancé le 26 octobre un nouveau quotidien, i, le premier payant de qualité commercialisé en Grande-Bretagne depuis un quart de siècle.
Avec un format et une maquette « journal gratuit », i présente une version compactée, simplifiée et concise du copieux The Independent, expurgé notamment de ses fameux débats d’idées et de ses interminables comptes rendus de cricket ou de courses de chevaux.
Au prix de 20 pence, i invente le « gratuit payant »
Plus de photos, d’informations pratiques, de pages people/TV et de news à picorer : i vise la clientèle pressée des transports en commun et concurrence par le haut les gratuits comme The Evening Standard, lui même devenu gratuit l’an passé après son rachat par… Lebedev.
Vendu 20 pence (23 centimes d’euro) – un sous-titre ricane : « un millionième du prix de Wayne Rooney » -, sans doute destiné à devenir gratuit un jour, i invente en quelque sorte le gratuit payant. Du coup, face à cette concurrence de l’intérieur, The Independent a également fait peau neuve pour accentuer la complémentarité entre les deux titres.
Une journaliste qui a déjà connu, depuis 1986, plusieurs changements de maquette et de format du quotidien commente avec résignation cette proposition journalistique pourtant assez radicale :
« Une fois de plus, The Independent a eu une idée révolutionnaire. Une fois de plus, faute de vrais moyens financiers pour le faire savoir, ça ne bouleversera pas notre diffusion. Et une fois de plus, ce sont les gros groupes de presse qui vont piller nos idées, nos formats et vont empocher les dividendes. C’est comme ça depuis vingt-cinq ans : on innove, les autres suivent et en profitent. »
Avec son sous-titre « The paper for today », i est publié sur 56 pages du lundi au vendredi. Il ressemble à l’ultime coup de poker d’un quotidien dont on annonce la fin inéluctable depuis presque deux ans. L’Angleterre se réveillerait alors moins intelligente, moins informée et moins indépendante d’esprit.
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