Alors que Jean-Louis Borloo était donné grand favori pour Matignon, il s’est fait devancer par Fillon le sortant et a finalement décidé de « ne pas appartenir » au nouveau gouvernement.
Jean-Louis Borloo a finalement décidé de ne pas être du nouveau gouvernement Fillon, même s’il s’était vu proposer la Justice et les Affaires étrangères, deux gros ministères. Qui ne valaient pas Matignon…
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Pendant quelques semaines, le centriste avait été pressenti par Nicolas Sarkozy pour prendre la succession de François Fillon et il avait reçu en ce sens quelques soutiens de poids. Claude Guéant déclarait ainsi fin octobre dans Valeurs Actuelles que Jean-Louis Borloo avait « pour lui deux qualités : c’est un orfèvre en matière sociale, et il a l’oreille des syndicats« .
Quelques jours plus tard, c’était au tour du conseiller social de Nicolas Sarkozy, Raymond Soubie, de s’exprimer sur Europe 1 et de chanter ses louanges: Borloo a été « ministre de la Cohésion sociale, il connaît forcément très bien les problématiques sociales » et il a « la fibre sociale« .
Comment Borloo a-t-il pu perdre ce capital de soutiens en 15 jours?
-Première erreur: la gestion du dossier du carburant. Alors que la France fait face au blocage des raffineries et que les files d’attentes s’allongent aux stations fin octobre, Jean-Louis Borloo resté plusieurs jours très discret, affirme qu’il n’y a pas de pénurie… François Fillon voit rouge, les élus s’agacent, le ministre de l’Ecologie commence à perdre des plumes.
« Pendant cette crise, les Français demandaient de l’autorité, l’UMP de l’autoritarisme, Borloo n’a compris ni l’un, ni l’autre », explique un ministre sortant.
-Deuxième erreur : dans une interview accordée sur le plateau de Dimanche + le 31 octobre, à laquelle il avait jusqu’au bout hésité de se rendre, il plaide pour un « nouveau système fiscal pour les vingt ans à venir » réalisable, selon lui en six à neufs mois. Avec pour méthode un nouveau Grenelle, façon Grenelle de l’Environnement. Rebelote le 2 novembre dans les colonnes du Parisien:
« Je suis persuadé qu’en six à neuf mois, on pourrait bâtir ensemble un nouveau système de fiscalité pour les vingt ans à venir. »
Aussitôt les visiteurs du soir de l’Elysée et certains patrons du CAC40 font savoir à Nicolas Sarkozy qu’une telle réforme est « impensable » en six mois et qu’il vaut mieux éviter de redire ce genre de « connerie » pour la crédibilité de la France.
– Troisième erreur, dans sa tournée médiatique, Jean-Louis Borloo s’avance un peu trop :
« Il ne peut pas y avoir de croissance sans consensus social« , souligne-t-il dans une interview au Figaro le 25 octobre, « il faudra bien continuer à bâtir et à faire avancer, avec les partenaires sociaux, les chantiers majeurs de notre avenir. »
Une manière d’insister sur la nécessité d’un virage social après la réforme de la retraite…
« On ne peut pas dire qu’on va faire un virage social », s’agace alors un collègue de Jean-Louis Borloo, « on annonce que l’on va mentir et on dit que l’on n’en a pas fait alors que l’on a quand même mis en place le RSA! »
Nicolas Sarkozy est fou de rage et lance devant témoins :
« Il n’y aura pas de virage social ! On ne peut pas nous proposer de nouvelles allocations, nous n’en avons pas les moyens. »
Manière de renvoyer Jean-Louis Borloo dans ses cordes… bien loin de Matignon.
–Quatrième erreur, ne pas avoir été « draguer » les parlementaires UMP:
« Plutôt que d’être allé draguer les médias, chez qui il avait déjà une bonne cote, assurent plusieurs élus UMP, Jean-Louis Borloo aurait mieux fait d’entreprendre une opération de séduction chez les parlementaires. »
Des parlementaires acquis au très populaire François Fillon… et qui l’ont fait savoir à Nicolas Sarkozy. La nouvelle coupe de cheveux du ministre de l’Ecologie n’y aura rien changé…
Dès ce lundi soir, il a décidé de rassembler ses amis centristes pour décider de la suite des événements. En ligne de mire, la présidentielle et une éventuelle candidature Borloo:
« Je préfère retrouver ma liberté de proposition et de parole au service de mes valeurs » au premier rang « desquelles je place la cohésion sociale », a-t-il expliqué ce dimanche à l’AFP.
Marion Mourgue
{"type":"Banniere-Basse"}