Un film ample et sauvage qui contredit l’idée panthéiste d’une nature accueillante en accord avec les hommes.Trente ans après sa sortie en salles, Délivrance de John Boorman vient subir l’épreuve du passage du temps et des modes cinématographiques auprès de spectateurs qui, ayant déjà vu le film ou pas, sont au moins avertis d’une chose […]
Un film ample et sauvage qui contredit l’idée panthéiste d’une nature accueillante en accord avec les hommes.
Trente ans après sa sortie en salles, Délivrance de John Boorman vient subir l’épreuve du passage du temps et des modes cinématographiques auprès de spectateurs qui, ayant déjà vu le film ou pas, sont au moins avertis d’une chose : « Ames sensibles s’abstenir. » Cet estampillage, toujours valable, peut s’avérer néanmoins trompeur si l’on associe cette réputation de « film choc » à une certaine forme spectaculaire et complaisante de mise en scène de la violence.
Or, Délivrance ne s’inscrit pas vraiment dans cette veine indigeste qu’on pourrait facilement lui prêter ; la violence dépasse le geste et la vision pour habiter plus subtilement l’image. C’est dans la nature qu’elle puise toute sa force d’expression, sa dimension inhumaine ; une nature qui s’avère tout sauf libératrice, contrairement aux attentes des quatre hommes partis faire du canoë dans les montagnes. Ils paient cher ce retour au vert que leur naïve vision citadine avait éclairé d’un halo panthéiste et le trip « fraîcheur de vivre, Hollywood chewing-gum » programmé prend vite une tournure cauchemardesque.
La captation par Boorman de ce monstrueux dépassement est plutôt convaincante. Porté par un vrai sens du mouvement et de l’espace, Délivrance ne manque pas d’évoquer, dans une moindre (dé) mesure, Apocalypse Now, sorti pourtant sept ans plus tard, et parvient à tirer de ce paysage hostile et insaisissable une impressionnante et terrifiante force destructrice.
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