Le passage éclair – à peine deux mois – de Gérald Dahan à la matinale de France Inter laisse un souvenir ambigu. D’abord celui d’un humoriste mal à l’aise avec la chronique trempée dans le venin de l’actualité, en quoi il répondait au souhait de Philippe Val, soucieux de ne pas prolonger les surenchères subversives […]
Le passage éclair – à peine deux mois – de Gérald Dahan à la matinale de France Inter laisse un souvenir ambigu. D’abord celui d’un humoriste mal à l’aise avec la chronique trempée dans le venin de l’actualité, en quoi il répondait au souhait de Philippe Val, soucieux de ne pas prolonger les surenchères subversives de Guillon et Porte, ses cauchemars.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Moins incisif que ses prédécesseurs, moins brillant dans l’art de l’imitation que son complice d’Europe 1 Canteloup, Dahan laissera cependant le souvenir d’un humoriste sacrifié deux jours après une chronique, pour le coup bien salée, sur la garde des Sceaux Michèle Alliot-Marie, assise à ses côtés, raide comme la justice.
Comme si, depuis le fracas de Porte et Guillon (qui publie chez Stock ses chroniques, On m’a demandé de vous virer), il était devenu périlleux pour les humoristes d’allumer à tout va les politiques à côté desquels (sur lesquels) ils s’assoient.
Pour combler cette carence satirique, France Inter mise désormais sur les nouveaux Sophia Aram et Ben, prometteurs l’une et l’autre, même si leur aisance en studio reste plus tiède que sur la scène des théâtres Trévise et Temple où leur écriture prend des risques.
Dans les marges de la messe radiophonique, résonnent surtout d’autres voix fielleuses : Frédéric Pommier, Artus de Penguern et le magistral Comte de Bouderbala perpétuent sur l’antenne une tradition d’irrévérence, que d’aucuns prétendent à tort éteinte. Comme dans tous les médias, une nouvelle génération de comiques, errant de scène en plateau (Alex Lutz, Mathieu Madénian, Gaspard Proust…), s’agite aujourd’hui. Empruntant des styles différents, plus ou moins politisés, insolents, survoltés, ils partagent une même inclination : la férocité de leur parole, nourrie de l’accablement contemporain.
Jean-Marie Durand
{"type":"Banniere-Basse"}