Les mille tourments de la belle danseuse Sahibdjaan qui, à l’instar de sa mère, subit l’opprobre (elle est assimilée à une prostituée) à cause de sa passion pour un homme de haute extraction. Pakeezah (1972) est un chef-d’œuvre du cinéma lyrique et décoratif de Bombay, le Hollywood indien… Tourné en urdu, langue de la communauté […]
Les mille tourments de la belle danseuse Sahibdjaan qui, à l’instar de sa mère, subit l’opprobre (elle est assimilée à une prostituée) à cause de sa passion pour un homme de haute extraction. Pakeezah (1972) est un chef-d’œuvre du cinéma lyrique et décoratif de Bombay, le Hollywood indien… Tourné en urdu, langue de la communauté musulmane du nord de l’Inde où est situé le récit, ce mélodrame, émaillé par les chants et danses de l’héroïne, évoque les entrelacs de la mélopée et de la poésie arabe. Réalisé sur une durée de quinze ans, dit-on, par Kamal Amrohi, vétéran du cinéma hindi, ce film en scope couleurs n’a rien de commun avec les pâtisseries indigestes du cinéma commercial indien. Beauté lancinante des chants et des danses, grâce des postures et des costumes, rehaussées par un arrière-plan épuré à l’extrême, estompé par une lumière sophistiquée. Mais Pakeezah n’est pas pour autant une œuvre abstraite. Le leitmotiv du film, ce hasard qui préside aux rencontres de la danseuse avec le mystérieux Salim Ahmed, donne lieu à des scènes d’une grande inventivité : celle où Sahibdjaan, sauvée de la noyade et d’une horde d’éléphants en furie, aborde la rive d’un fleuve où se tient une tente déserte ; là, elle trouve le journal de Salim Ahmed qui parle d’elle en termes fleuris. Ou bien le passage où, fuyant dans la nuit un homme inquiétant (lui-même attaqué par un cobra), Sahibdjaan échappe de peu aux roues d’un train dans lequel voyage Salim Ahmed. Citons enfin l’incroyable danse finale, moment le plus poignant du film, où Sahibdjaan laisse des empreintes sanglantes sur le sol.
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