Comme La Fiancée du pirate de Nelly Kaplan colle à la peau de Bernadette Lafont, on peut dire que La Salamandre est LE film auquel Bulle Ogier reste à jamais attachée. Le film de Tanner, sorte de prolongement romantique, apsychologique et ironique de l’esprit de Mai 68 filmé par un héritier de la Nouvelle Vague […]
Comme La Fiancée du pirate de Nelly Kaplan colle à la peau de Bernadette Lafont, on peut dire que La Salamandre est LE film auquel Bulle Ogier reste à jamais attachée. Le film de Tanner, sorte de prolongement romantique, apsychologique et ironique de l’esprit de Mai 68 filmé par un héritier de la Nouvelle Vague française et du Free Cinema, raconte l’histoire de deux scénaristes, Pierre et Paul, Bouvard et Pécuchet à qui la télévision demande d’écrire un jour un film inspiré d’un fait divers. Les deux amis partent en quête de leur Charles Forster Kane, en l’occurrence Rosemonde, ouvrière dans une usine de saucisses accusée d’avoir voulu tuer son oncle. Tandis que Paul laisse aller son imagination, Pierre s’attache à reconstituer la réalité des faits : Rosemonde est avant tout une jeune femme prolétaire, libre et sexy, qui, sans formation intellectuelle, se révolte contre une société oppressante et aliénante. Avec le recul, on pourrait dire qu’elle est la parfaite incarnation fictive de la réelle jeune ouvrière anonyme des usines Wonder, rendue mythique par Reprise d’Hervé Le Roux, qui refusait de reprendre le travail en 68.
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La salamandre, cet animal dont on dit qu’il peut vivre dans les flammes sans se brûler, c’est Gradiva et Marianne : le souffle de la liberté du début des seventies. A sa sortie en France, le film resta plusieurs mois à l’affiche. Un nouveau cinéma suisse était né.
(Critique parue dans le supplément au n°646 des Inrockuptibles, Les 40 ans de la Quinzaine)
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