Un film immense, analysant froidement des passions brûlantes. Truffaut s’y livre comme jamais tout en donnant la parole aux femmes. Côté intrigue, Les Deux Anglaises… est un peu l’inverse de Jules et Jim, adapté du même auteur, Henri-Pierre Roché : ici, deux femmes aiment le même homme. Mais côté traitement, on retrouve la même analyse […]
Un film immense, analysant froidement des passions brûlantes. Truffaut s’y livre comme jamais tout en donnant la parole aux femmes.
Côté intrigue, Les Deux Anglaises… est un peu l’inverse de Jules et Jim, adapté du même auteur, Henri-Pierre Roché : ici, deux femmes aiment le même homme. Mais côté traitement, on retrouve la même analyse glacialement distanciée de passions amoureuses brûlantes. Les personnages radicalement romantiques de Truffaut ne parviennent pas à s’aimer, moins à cause d’obstacles extérieurs que de blocages mentaux, intimes. Muriel conçoit l’amour comme un absolu, là où Claude en accepte la relativité.
Le montage est heurté, le ton tranchant : cette œuvre âpre et cruelle est l’une des plus personnelles de son auteur. Le contexte de son élaboration n’est pas anodin. Début 1971, Truffaut, accusant une profonde dépression sentimentale, suite à sa rupture avec une actrice blonde, entre en clinique et demande à relire Les Deux Anglaises et le Continent d’Henri-Pierre Roché. Le personnage principal du film, joué par Jean-Pierre Léaud, alter ego de Truffaut, devient la fusion de Roché et Truffaut, collectionneurs de conquêtes, deux Don Juan qui ne peuvent se résoudre à une seule femme. Mais Mai 68 est passé par là, libérant la parole des femmes : il faut réécouter ce que disent ici Ann et Muriel pour comprendre que Truffaut a réalisé un film beaucoup plus féministe que ce qu’on aurait pu imaginer. Anecdote signifiante : on a retrouvé en 2000 la comédienne Kika Markham, qui joue ici Ann, dans Esther Kahn d’Arnaud Desplechin, façon pour le jeune cinéaste de s’inscrire dans la filiation de ces Deux Anglaises.
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