LE FILM : C’est au milieu des terrils, sur fond sonore de pelleteuses, que débute Wanda, l’unique film de l’actrice Barbara Loden (morte d’un cancer à 48 ans, en 1980). Une petite bonne femme blonde (Loden elle-même) se réveille avec peine dans une baraque minable. Habillée de blanc, coiffée de bigoudis, la voilà qui traverse […]
LE FILM : C’est au milieu des terrils, sur fond sonore de pelleteuses, que débute Wanda, l’unique film de l’actrice Barbara Loden (morte d’un cancer à 48 ans, en 1980).
Une petite bonne femme blonde (Loden elle-même) se réveille avec peine dans une baraque minable. Habillée de blanc, coiffée de bigoudis, la voilà qui traverse le paysage, petit point clair sur la terre charbonneuse, astronaute perdue au milieu de la cendre lunaire. Où va-t-elle si vaguement, Wanda ? Divorcer sans protester, abandonner sans combat ses enfants à la charge de leur père avant de partir errer dans une Amérique que la réalisatrice dépouille de toute trace de folklore, offrant l’image dégraissée d’un pays sans âme.
Wanda rencontre bientôt « Mr. Dennis » (Michael Higgins, formidable, une sorte de Groucho Marx pas drôle), un voleur de dernière zone qui sue l’angoisse, la mauvaise bière, la médiocrité et se refuse à exprimer le moindre sentiment.
Mr. Dennis va pourtant prendre en main Wanda, ce qui n’est pas bien difficile, et lui redonner un peu visage humain, ce qui ne peut pas lui faire de mal. Car Wanda est sans force, étrangère au monde, un Bartleby au féminin. Elle se croit morte, nulle et stupide. Nos antihéros, Bonnie and Clyde antonioniens (la scène où les deux personnages suivent des yeux des petits avions radiocommandés rappelle une scène de La Notte), Zampano et Gelsomina du Midwest, préparent un coup. Foireux, bien sûr.
Wanda est un cri de désespoir muet, un autoportrait d’autant plus violent qu’il est retenu, un portrait de femme angoissé et sans concession. Un chef-d’œuvre sec et intemporel.
LE DVD : En complément, quatre scènes commentées par Philippe Azoury, des propos d’Isabelle Huppert, une interview radiophonique de Loden par Michael Concrete (Michel Ciment) et surtout, cerise sur le gâteau, l’extrait d’un talk-show américain de 1972, où Barbara Loden, invitée par Yoko Ono et John Lennon, dit quelques mots sur Wanda et sur son mari Elia Kazan : regardez son regard.
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