Chris Crocker, la plus célèbre créature d’Internet (« Leave Britney alone ») récemment reconverti dans le porno gay, sera l’objet du documentaire arty « Me at the Zoo ». Le vrai premier grand film sur la révolution YouTube ?
C’était un peu l’idée de Ridley Scott et de son Life in a Day : un documentaire définitif sur l’ère des images Internet monté à partir de vidéos anonymes extraites de YouTube. « Filmed by you », le résultat de l’expérience, aperçu dans une bande-annonce assez affligeante, passait plutôt pour du home made version National Geo –quand on attendait des lolcats et des concerts à emporter de Rebecca Black. Mais un autre projet, tourné dans le circuit indépendant U.S, sans autre financement que celui des internautes (par Kickstarter), pourrait bien, cette fois ci, revendiquer le statut de film définitif de l’ère YouTube (2005 – ?).
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Un documentaire sur le plus grand concept inventé par le site de partage de vidéos : Chris Crocker, ce Frankenstein 2.0 rendu célèbre en 2007 par une lettre virale adressée à la planète en défense de Britney Spears (« Leave Britney Alone« , vue plus de 40 millions de fois). Commenté et parodié partout dans le monde, l’un des plus grands mèmes de l’histoire de YouTube a été suivi pendant trois ans par les cinéastes Chris Moukarbel et Valerie Veatch pour le documentaire Me At The Zoo : « un portrait intime d’un jeune blogueur controversé, considéré par des millions comme le premier héros populaire et rebelle d’Internet ».
Friends, fans, haters
Dans une vidéo publiée sur sa chaîne YouTube, Chris Croker explique le projet : Me At The Zoo ne sera pas une nouvelle enquête sur le phénomène « Leave Britney Alone ». Le film de Chris Moukarbel et Valerie Veatch s’intéressera plutôt à l’après 2007 : la transformation d’un teen du Tennessee en nouvelle créature Internet. « C’est la première célébrité d’Internet à avoir intégré les médias mainstream, explique les réalisateurs dans une note d’intention. Et il fait partie de cette génération devenue adulte dans un état de constante surveillance. »
Tourné pendant trois ans, Me At The Zoo suit donc l’évolution d’un buzz en temps réel –déjà bien documenté par Chris Croker, qui a repoussé les limites de l’autofiction via sa page personnelle sur YouTube, son Tumblr très exhib et, bientôt, ses apparitions dans des films porno gay (il vient de signer l’un des contrats les plus importants de l’industrie du X avec la chaîne du mythique Chi Chi LaRue). « C’est une histoire intime qui s’écrit sur Internet, au rythme des vidéos publiées par Chris Croker, et des vidéos de réponse des amis, des fans ou des haters », précise Chris Moukarbel.
Mais au-delà du cas de Chris Crocker (déjà passionnant), Me at the Zoo évoquera surtout le nouveau régime d’images créé par YouTube, cette révolution 2.0 déjà beaucoup commentée dans le cinéma contemporain (Cloverfield, Redacted, et dans une moindre mesure Scream 4).
« Plus de 48 heures de vidéo sont ajoutées sur YouTube chaque minute, résument les réalisateurs. Me At The Zoo explore la façon dont le partage de vidéos et les réseaux sociaux ont modifié notre manière de nous raconter (…) Le film, en quelque sorte, est déjà sur Internet. »
Me at the Zoo (le titre fait référence à la première vidéo postée sur le site de partage en 2005) mêlera sans souci de distinction des images extraites de YouTube, de captations de shows télévisés, des vidéos de famille et interviews, pour le portrait d’une icône freak de l’ère Internet. Quelques plans évoqueraient presque Last Days de Gus Van Sant, ou une version virtuelle du Tarnation de Jonathan Caouette –un autre grand obsédé de l’autofiction.
Romain Blondeau
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