L’inspecteur HarryUn polar sec et nerveux, premier de la série. A des années-lumière de Bowling for Columbine, et toujours aussi ambigu trente ans après. Mais pas fasciste pour autant. Chose curieuse, ceux qui il y a trente ans vilipendaient Clint Eastwood, dont ils avaient fait, après John Wayne, l’incarnation du Grand Satan américain, de son […]
L’inspecteur Harry
Un polar sec et nerveux, premier de la série. A des années-lumière de Bowling for Columbine, et toujours aussi ambigu trente ans après. Mais pas fasciste pour autant. Chose curieuse, ceux qui il y a trente ans vilipendaient Clint Eastwood, dont ils avaient fait, après John Wayne, l’incarnation du Grand Satan américain, de son « fascisme », sont les mêmes (ou leurs enfants) qui l’encensent aujourd’hui : les bourgeois intellos de gauche. Mais, d’une part, Clint Eastwood n’est pas le réalisateur de Dirty Harry, l’histoire d’un flic stakhanoviste, obsédé de la gâchette, qui veut en remontrer en intransigeance à ses supérieurs laxistes. D’autre part, tout est relatif : le même acte de violence peut apparaître comme intolérable ou légitime selon le contexte. Et le sadisme et la brutalité qu’on reprocha à l’acteur, puis au réalisateur qu’il est devenu, étaient déjà complètement explicites dans les westerns de Sergio Leone. Ce Dirty Harry est un paradoxe à plus d’un titre : un flic est obligé de se mettre en dehors ou au-dessus de la loi pour pouvoir arrêter un dangereux criminel, et d’être plus violent que lui pour en « débarrasser la société ». Autrement dit, selon Siegel et Eastwood, qui a repris son flambeau , parfois l’ordre ne peut être assuré qu’en étant transgressé (cf. Impitoyable). Dérive dangereuse que la distance graphique et virtuose de la mise en scène de Siegel permet de relativiser quelque peu, mais c’est tout juste. On se demandera toujours où s’arrête l’incitation et où commence -la catharsis, et vice versa. En ne niant pas le plaisir (complice) que l’on peut éprouver avec ce polar sec et nerveux, tendu comme un arc, on serait mal avisé de le visionner avant Bowling for Columbine de Michael Moore, qui dénonce précisément la folie des armes en Amérique, à laquelle Eastwood n’est pas étranger.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}