LE CHAGRIN ET LA PITIÉ : L’EFFONDREMENTDocumentaire de Marcel Ophuls Première partie de ce documentaire qui provoqua un débat de société sur la collaboration à sa sortie, en 1971. Sous-titré Chronique d’une ville française sous l’Occupation en l’occurrence Clermont-Ferrand , ce film produit par et pour la télévision en fut pourtant banni durant douze […]
LE CHAGRIN ET LA PITIÉ : L’EFFONDREMENT
Documentaire de Marcel Ophuls
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Première partie de ce documentaire qui provoqua un débat de société sur la collaboration à sa sortie, en 1971.
Sous-titré Chronique d’une ville française sous l’Occupation en l’occurrence Clermont-Ferrand , ce film produit par et pour la télévision en fut pourtant banni durant douze ans. Dépassant largement le cadre géographique de Clermont-Ferrand, Marcel Ophuls questionne cette étrange occupation d’un pays par un autre, de 1940 à 1944, où les agresseurs affirmaient être les agressés ; et où les vrais agressés étaient des « aquoibonistes » las, qui affirmaient qu’il n’y avait rien à faire pour arrêter l’invasion. Ophuls ne se contente pas d’interviewer d’ex-officiers allemands ou des collaborateurs actifs ou passifs. Il examine un vaste éventail de la société de l’époque en rencontrant des inconnus comme des célébrités. En particulier Pierre Mendès France, politicien victime de la collaboration, qui a une vision particulièrement claire et synthétique de la situation. Deux documentaires ont changé l’image de la Seconde Guerre mondiale : Nuit et brouillard d’Alain Resnais, bilan édifiant sur les camps de concentration et d’extermination, et Le Chagrin et la Pitié, qui a mis un sacré bémol au mythe de la Résistance, en rappelant utilement que la majorité des Français n’ont pas moufté sous la botte nazie. On peut compter sur l’assez impitoyable et ironique Ophuls pour remuer le couteau à l’endroit le plus douloureux… Mais il ne se contente pas d’accuser. Il essaie véritablement de comprendre
les raisons de la collaboration. En proposant par exemple parmi les explications le choc émotionnel que causa le bombardement de la flotte française à Mers-el-Kébir par les Anglais en juillet 1940, à des fins préventives, et qui fit 1 300 victimes… Le film multiplie les images d’archives (Hitler visitant la France, les actualités de propagande), sans négliger, dans un esprit cynico-ludique très ophulsien, de montrer les aspects les plus festifs et légers de l’Occupation : revues de chansonniers allemands
et français, divertissements divers, événements mondains, publicités, extraits de films de fiction (comme le célèbre Juif Süss, fable antisémite), etc. Un sens inné du contraste, non dénué de cruauté. Ajoutons les témoignages d’Allemands toujours sûrs de leur bon droit, vingt-cinq ans après leur défaite ; de Français peu gênés d’avoir adopté les Allemands comme leurs maîtres ou d’anciens ministres de Pétain faisant encore, en 1969, son éloge. Aucun des faits exposés ici n’était nouveau. C’est leur assemblage qui devenait explosif entre les mains d’Ophuls. S’il y a un dynamiteur de la psyché française, de ses errements et de ses contradictions, c’est bien lui.
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