HANTISE
de George Cukor
avec Ingrid Bergman, Charles Boyer,
Joseph Cotten (Etats-Unis, 1944, 1h44)
La version Cukor d’un genre clé du cinéma
hollywoodien des années 4O : l’épouse menacée
de mort par son mari.
Appartenant au genre du « film gothique d’emprise
conjugale » (Rebecca et Soupçons d’Hitchcock,
Le Château du dragon de Mankiewicz, Angoisse de
Tourneur, etc.) que le Hollywood classique sut porter
à son maximum d’ambiguïté raffinée, Hantise est
signé de George Cukor qui délaisse là sa prédilection
pour les comédies caustiques et le travestissement.
Le décor est londonien, le mari à contre-emploi est
Charles Boyer – l’autre French lover après Maurice
Chevalier -, l’épouse est Ingrid Bergman.
Elle trouve ici, trois ans après Dr Jekyll et Mr Hyde de
Fleming qui malmenait déjà son physique florissant
de suédoise aux grosses joues, le récit idéal pour
affiner son aptitude à jouer les femmes traquées.
Rétrospectivement, on se dit qu’elle est peut-être
la mère de cinéma de Nicole Kidman : deux femmes
dont la saine beauté, décuplée par cette ambiguïté
contre-nature, appelle en sourdine la mortification.
L’amour de la peur est le secret de cette déchéance
désirée, un secret parmi d’autres.
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