Il y a vingt ans, l’année de Nevermind, trois albums ont chamboulé le rock.
Pour beaucoup, 1991 reste l’année où la bombe Nevermind fut lâchée, entraînant l’explosion du grunge, ce (forcément) bruyant descendant du punk auquel Kurt Cobain assena un coup fatal le 5 avril 1994 en se suicidant. Pour d’autres, moins nombreux mais non moins fervents, 1991 fait figure d’année exceptionnelle car elle symbolise la renaissance du rock, propulsé dans de nouvelles directions, voire de nouvelles dimensions, grâce à trois albums séminaux : Loveless de My Bloody Valentine, Spiderland de Slint et Laughing Stock de Talk Talk.
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Loin de pouvoir rivaliser avec le disque de Nirvana en termes de notoriété et de rentabilité, ces trois albums ont pourtant déclenché une violente onde de choc, dont les effets se perçoivent encore aujourd’hui. Si Loveless, fascinant monolithe de bruit blanc, paraît indépassable – y compris par My Bloody Valentine, le groupe se heurtant à son propre mur (du son) –, Spiderland et Laughing Stock ont, dans un bel éclatement des formes établies, ouvert le champ des possibles à l’infi ni, offrant au rock une salutaire cure de jouvence en le conduisant aux confins du silence.
Tendu vers l’épure et comme rendu à son ingénuité première, ce rock de la fin du XXe siècle allait bientôt se faire baptiser “post-rock”, étiquette pertinente – c’est bien d’inventer le futur qu’il s’agissait – autant qu’insatisfaisante – les groupes ainsi estampillés embrassant un (très) vaste spectre musical, de l’ambient au hardcore en passant par le dub ou le jazz.
Quelle que soit la formulation, importait avant tout le désir d’aller voir ailleurs afin de découvrir des territoires d’outre-rock. Et ce désir, sans lequel tout art est condamné, est ce que ce brelan d’as de 1991 nous a transmis de plus précieux.
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