Une rareté mésestimée de Robert Altman.
Au début des années 70, Robert Altman était déjà un franc-tireur, dégommant à vue les studios qui lui faisaient des ponts d’or après le triomphe de M.A.S.H. Entre ce dernier et Nashville (1975), qui le remettra en selle, il tourne une poignée de films à réévaluer. Certains (Le privé, Nous sommes tous des voleurs) le sont déjà ; Brewster McCloud toujours pas. Chant du mauvais esprit, cette charge contre l’establishment fait un bras d’honneur dès son ouverture en faisant massacrer l’hymne américain par Margaret Hamilton, la « Wicked Witch » du Magicien d’Oz, avant que la fanfare qui l’accompagne ne la vire au profit d’un autre hymne, black. Brewster McCloud, jeune homme particulier, cherche littéralement à s’envoler. Enfermé dans une volière humaine, l’Astrodome de Houston, il sera cloué au sol par les femmes l’entourant. Avant ses fresques au vitriol, Altman joue déjà au démiurge, s’amusant à brûler les ailes de son étrange Icare, joué par l’atypique Bud Cort (Harold et Maude). Qu’il laisse s’écraser comme une merde d’oiseau, objet récurrent d’un film acerbe dont l’aspect métaphorique a certes un peu vieilli. On se demande quand même pourquoi ce film a été aussi peu montré, cet aïeul éloigné du Brazil de Terry Gilliam dans sa lecture du sacrifice inutile de soi restant pourtant l’une des pierres fondatrices du discours teigneux d’Altman, cinéaste fataliste jusqu’à l’os.
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