Le réalisateur belge livre un film beau et émouvant, qui échappe aux pièges des films-dossiers. Avec Damien Bonnard et Leïla Bekhti à l’affiche.
Le cinéaste belge Joachim Lafosse, 46 ans, couronné dans beaucoup de festivals, n’est pas vraiment un habitué de Cannes, même s’il avait présenté L’Économie du couple à la Quinzaine en 2016 et été membre du jury Un certain regard en 2017. Son neuvième long-métrage est cette année sélectionné en compétition officielle.
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Au début, on découvre une petite famille idéale, en vacances dans une somptueuse villa de la Côte d’Azur. Damien (Damien Bonnard, une fois de plus génial) aime sa compagne Leïla (Leïla Bekhti, très bien) et son jeune fils Amine. Damien est un type hyperactif. Il n’accepte jamais de se reposer. La nuit, il ne dort pas, il répare des mobylettes. Au début, on rit de ce stakhanovisme des activités balnéaires. Et puis peu à peu, on sent qu’il y a un loup.
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En réalité, Damien souffre de bipolarité et ne prend pas toujours ses médicaments, ce qui peut le mettre en danger, lui ou ses proches. Dans ces moments-là, il est intenable, capable de tout et de n’importe quoi. Cette activité forcenée, impressionnante, correspond évidemment à ses phases maniaques. Elles rendent folle Leïla, qui n’en peut plus de la vie infernale qu’il lui fait mener.
Sans être un chef d’œuvre, Les Intranquilles (très beau titre) évite en tout cas les récifs qui se dressaient devant lui. On aurait pu craindre, par exemple, que le choix du métier de Damien, artiste-peintre, nous vaille quelque vision idéalisée ou romantique du créateur torturé. Mais le film évite cet écueil : Damien est un adulte responsable, qui tente de répondre à des impératifs professionnels (les expos, son galeriste, etc.). Jamais sa maladie n’est mise en avant comme une condition sine qua non de sa production artistique, etc. et c’est tant mieux. Le film évite ainsi le côté “dossier de l’écran” sur un cas psychiatrique, en laissant toujours à Damien son libre-arbitre.
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De même, les scènes avec Amine (joué, avec talent et assurance confondante, par Gabriel Mez-Chammah, le jeune fils de Lolita Chammah) ne sont jamais neuneues ou larmoyantes, bien au contraire. Elles sont même très émouvantes. Un beau film.
Les Intranquilles de Joachim Lafosse. Avec Leïla Bekhti, Damien Bonnard, Gabriel Merz-Chammah. En salle le 6 octobre 2021.
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