Pré-road-movie inédit de Fassbinder. L’utopie de deux zozos, formellement splendide, mais trop monotone.
Une chanson pop, un téléphone décroché sur un lit, une reproduction de Jérôme Bosch, une affiche de Buster Keaton, Hanna Schygulla en porte-jarretelles préfigurant Maria Braun et Lili Marleen… C’est une œuvre résolument moderne, en porte-à-faux avec le style pop ou psychédélique de l’époque, et plus proche de l’hyperréalisme : cadrages rigoureux et, en dehors de quelques zooms très ponctuels, des mouvements de caméra parcimonieux, des plans très éclairés ; discours d’inspiration marxo-féministe, voire anti-impérialiste, mais peu étoffé. Rio das mortes traite surtout de l’utopie de l’exil, de la fuite des jeunes Occidentaux vers de mythiques paradis (ici le Pérou) ; l’histoire de deux naïfs apprentis routards cherchant à financer leur voyage. Bref, le sujet, écrit par Volker Schlöndorff, n’a qu’un intérêt historique. La seule véritable originalité du film, c’est la manière dont Fassbinder refroidit ce sujet, voire le vitrifie. Même la scène dans la boîte est glaciale. Un seul couple de danseurs se trémousse, sans conviction : Hanna Schygulla et Fassbinder, en beauf de service.En fait, comme le prouve le long plan où les futurs routards, le blond et le Black, sont assis dans une voiture, pétrifiés, c’est un road-movie statique. Uneasy Rider. Là est la beauté mais aussi la limite de ce film. Il manque une étincelle de vie pour l’allumer.
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