Présenté à Cannes, le volet sonne le retour attendu de la saga, mais sa surenchère, bien que très joyeuse et sympathique, peine à se renouveler.
Dans la mesure où la franchise Fast and Furious suit une courbe exponentielle dans l’escalade non seulement des moyens pyrotechniques, mais aussi des dimensions de l’intrigue (du street racing californien aux grands complots mondiaux), l’explosion de ses cadres est, depuis au moins cinq ou six films, devenue sa routine.
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Car on s’habitue à tout, notamment à l’excès. Et même si c’est un peu triste à dire, il faut reconnaître qu’à part pour les fans les plus transi·es (qui restent certes très nombreux·euses), il est toujours un peu difficile de différencier un nouvel épisode de sa cohorte de prédécesseurs, les caprices déglingo des uns (comme ici envoyer des personnages dans l’espace dans une Ford Pontiac customisée ad hoc – performance notamment quelque peu effacée par avance par la franchise rivale, Mission Impossible, dont le prochain épisode inclura une séquence réellement tournée dans l’espace) se mêlant à ceux des autres.
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En voitures si mornes
Ce 9, parce qu’il tombe juste après un très sympathique buddy movie spin-off Hobbs & Shaw assez facile à distinguer mentalement de la série principale, vient donc renouer avec cette dernière comme on replonge dans une baignoire trop grande, où flottent chaotiquement des jouets qu’on reconnaît sans plus très bien savoir ce qui les relie exactement entre eux. Où en était, déjà, la “famille” de Dom Toretto ? Qui était parti, qui était resté, qui était fâché, qui était soudé ? Pas le temps de se le remémorer, la machine est déjà en route, embarquée dans une histoire de rivalité voyant apparaître un frère secret, John Cena (un peu grotesque, et pas vraiment regardé comme tel).
La saga demeure extrêmement sympathique par sa manière de concevoir sa surenchère avec un souci perpétuel de matérialité, un esprit de bricolage permanent ; et également par son côté cartoon, la chance irrationnelle qu’elle accorde à ses héros et héroïnes. Un aspect sur lequel ce volet ironise beaucoup, comme lorsque Roman, le joyeux fier-à-bras de la bande, commence à se persuader que ses membres sont immortels – seule explication possible à leur insolente survie après vingt ans de péripéties.
Mais ce genre de tournant gentiment méta constitue aussi pour la saga une chose assez attendue, tant elle n’a plus rien à prouver au premier degré. Sa fin, annoncée de façon relativement prochaine, commence effectivement à s’imposer, pour deux raisons. D’abord, parce qu’elle a atteint cet étrange niveau plafond où toutes ses idées de scène d’action – plus folles soient-elles – font l’effet d’un ordinaire. Ensuite, parce qu’il est encore à sa portée de s’éclipser en laissant à la postérité une image totalement inchangée et solaire, échappant aux affres du temps, les acteur·rices ayant étonnamment à peine perdu leur sex-appeal, leur charge érotique brute, tant du côté des hommes que des femmes. Elle est encore une Olympe. Ce genre de choses n’est pas éternel.
Fast and Furious 9 de Justin Lin, en salle le 14 juillet
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