Roi pour un jour ? Dans un monde plus juste, ça ferait plus de dix ans que Bobby Conn régnerait en maître débonnaire sur une pop savante, qui trouve ses racines dans la déraison, la grandiloquence et l’excentricité fertiles des seventies ? un terreau largement engraissé aux drogues les plus colorées. On se souvient notamment […]
Roi pour un jour ? Dans un monde plus juste, ça ferait plus de dix ans que Bobby Conn régnerait en maître débonnaire sur une pop savante, qui trouve ses racines dans la déraison, la grandiloquence et l’excentricité fertiles des seventies ? un terreau largement engraissé aux drogues les plus colorées. On se souvient notamment d’une merveilleuse chanson qui explorait les excès du pouvoir ? mais il ne s’agissait que des petits pouvoirs secrets du flipper de la Famille Adams. Après le glam-rock antirépublicain et excessif de l’inépuisable The Homeland (2004), où il testait avec perversité l’élasticité et les limites de la pop-song, Bobby Conn a cette fois, plusieurs fois, rompu les amarres avec tout format, toute raison (l’école King Crimson/Zappa de la fugue).
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Psychédéliques et forcenées, ses seventies ont le teint pâle, l’œil hagard, les bras en l’air : psalmodiées en chorales possédées, fouettées de guitares aussi bavardes qu’une réunion de maos Spontex, ses chansons ne sont plus pop que par flash-backs, par bribes euphorisantes, quand Conn arrête la déconne. Car derrière les exercices de style et les maquillages outranciers (de ses musiciens ou de ses chansons), Bobby Conn reste un sidérant songwriter, capable de faire du neuf, du vivant, du très personnel avec des milliers de chansons braconnées sur des brocantes ? on parle d’albums en format cartouche pour autoradios suaves des seventies à moustache et vestes glitter. Alors qu’avec les mêmes outils scintillants et cinglés (Queen, Elton John, T-Rex ) les Scissor Sisters, puis Mika ont envahi les charts occidentaux, il serait temps de commencer à astiquer son trône.
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