La réalisatrice offre à son héroïne, coude et cœur brisés, de se retrouver, le temps d’une nuit, témoin des traumas de l’époque.
Dans la pénombre d’une chambre à coucher, Raf (Valeria Bruni Tedeschi) écrit des textos à sa compagne Julie (Marina Foïs) qui dort à ses côtés. Elle espère, par les vibrations du téléphone, la réveiller et reconstruire une histoire d’amour sur le point de mourir. Mais le sommeil de la dormeuse n’est pas troublé et, face à son indifférence, les messages se changent en une pluie d’insultes.
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C’est sur cette incommunicabilité emmenée d’abord sur la voie de la franche comédie puis troquée pour celle d’un film de kidnapping sous haute tension que s’ouvre La Fracture, film qui tente d’organiser à plusieurs niveaux la réconciliation de différents nœuds narratifs pour mêler l’intime au politique.
Cette peine de cœur, bientôt incarnée par un bras cassé, sert de métaphore à une société française divisée et dont le film tente d’embrasser chacun des affects, qu’ils soient datés (les Gilets jaunes d’il y a maintenant déjà deux ans) ou toujours d’une brûlante actualité : les violences policières, mais surtout l’abandon de l’hôpital public et de ses soignant·es que la crise sanitaire n’aura cessé de révéler.
Génie burlesque
Film d’immersion, étalé le temps d’une nuit, La Fracture filme son décor principal, un hôpital parisien, comme un théâtre où drames et sketchs se bousculent au son des claquements de portes et des cris, notamment ceux de Valeria Bruni Tedeschi, dont le génie burlesque semble par moments piloter le film de l’intérieur, lui dicter ses mouvements.
Si le film se révèle assez didactique dans la manière qu’il a d’opposer puis de faire se rencontrer des mondes qui ne se croisent pas (les bourgeois·es et les prolos, les manifestant·es et les flics), de tenter de raccommoder de manière un peu artificielle chacune de leurs fissures, il décrit, et l’exercice est périlleux, avec un certain allant, une drôlerie mais aussi une gravité, l’invraisemblable, l’ineptie loufoque de l’époque.
La Fracture de Catherine Corsini, avec Valeria Bruni Tedeschi, Marina Foïs, Pio Marmaï (Fr., 2021, 1h38). En salle le 27 octobre.
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