Shlomi Elkabetz fouille dans ses archives vidéo et réalise le plus bel hommage qui soit à sa famille et surtout à sa soeur, la grande artiste israélienne Ronit Elkabetz, morte prématurément. Le film a été présenté ce mercredi 7 juillet en séance spéciale au Festival de Cannes.
Au 17e siècle, on appelait “tombeau” un style de composition musicale qui consistait à rendre hommage à une personne défunte, sans jamais tomber dans la noirceur, la tristesse, le pathos. Les Cahiers noirs, documentaire en deux parties, ou deux films formant un diptyque, pourrait aussi s’intituler Le Tombeau de Ronit Elkabetz, ou même Tombeau pour ma sœur puisqu’il a été réalisé par Shlomi Elkabetz, le frère (et co-réalisateur des films) de la grande actrice et cinéaste israélienne Ronit Elkabetz (Prendre femme, Les Sept jours et Le Procès de Viviane Amsalem…), morte à 51 ans d’un cancer, il y a déjà 5 ans.
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Hymne à la vie
Le film – monté à partir des images privées que Shlomi Elkabetz tournait depuis 25 ans avec ses caméras successives, mais aussi d’archives familiales, d’extraits des 3 films de fiction et de scènes de leur tournage – dresse d’abord le portrait des parents Elkabetz (le père travaille à la synagogue, la mère est coiffeuse), israélien·ne·s venu·e·s du Maroc ayant tant inspiré les films de Ronit et Shlomi. Des personnages forts dans la vie comme à l’écran, dont on mesure à quel point leurs enfants ont pu les fantasmer, les récrire, pour les transformer en êtres de fiction. Puis le cinéaste se consacre tout entier à sa sœur : ses humeurs, ses joies et sa maladie qui se déclare sur le tournage du Procès de Viviane Amsalem.
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Cette œuvre devient alors un hymne à la vie, celle de Ronit, avec qui Shlomi Elkabetz a longtemps vécu et travaillé, notamment à Paris qu’elle adorait. Sans complaisance, sans voyeurisme, sans chercher à la glorifier, sans aucun sentimentalisme; avec pudeur, avec dignité, humour aussi. Il trouve des moyens détournés – des idées de mise en scène de cinéma, la musique déchirante de Bernard Herrmann pour Vertigo – pour montrer l’indicible.
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Shlomi Elkabetz rend le plus bel hommage, à l’écran, qui pouvait être rendu à une actrice, une scénariste, une artiste passionnée, mais aussi une soeur et une femme inoubliable pour tous·tes ceux·celles qui ont aimé ses films ou l’ont un jour croisée.
Les Cahiers noirs de Shlomi Elkabetz
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