S’il n’épargne pas les vanités et les ridicules du milieu de la mode, Douglas Keeve se distingue par son empathie pour ce microcosme. Le film se présente sous la forme d’un documentaire sur la collection automne-hiver 94 du couturier Isaac Mizrahi. La bonne idée de Keeve, c’est de ne pas avoir cherché à inventer une […]
S’il n’épargne pas les vanités et les ridicules du milieu de la mode, Douglas Keeve se distingue par son empathie pour ce microcosme. Le film se présente sous la forme d’un documentaire sur la collection automne-hiver 94 du couturier Isaac Mizrahi. La bonne idée de Keeve, c’est de ne pas avoir cherché à inventer une fiction : Mizrahi est suffisamment extravagant pour que sa simple captation produise de la fiction. A l’instar de Gaultier, ce jeune et recherché styliste new-yorkais a une remarquable capacité à recycler ses fétiches culturels dans ses créations. On le voit ainsi regarder pour la énième fois Nanouk l’Esquimau de Flaherty image par image pour y trouver des idées de fourrures. Plus loin, il résume sa façon d’envisager la mode, presque une morale, par un extrait de L’Appel de la forêt de Wellman, où Clark Gable découvre Loretta Young congelée, mais impeccablement maquillée et coiffée. On rit souvent, et pas forcément à l’insu des protagonistes. Même Naomi Campbell a des traits d’esprit (à moins qu’on ne les lui ait écrits). Keeve n’échappe pas à la complaisance et ses afféteries stylistiques ne se justifient pas toujours. Mais il lui sera beaucoup pardonné pour avoir montré que si la mode est effectivement inutile, c’est qu’elle est un art.
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