Amis de trente ans. L’amitié entre deux losers mise à l’épreuve par un sac d’argent. Une fable sympathique mais limitée, qui fait plus sourire que rire. Pour son premier long métrage, Sylvain Monod est parti d’un tandem. Ivan et Serge, deux losers d’environ 35 ans, gagnent leur vie en dansant le cha-cha-cha. Ils passent la […]
Amis de trente ans. L’amitié entre deux losers mise à l’épreuve par un sac d’argent. Une fable sympathique mais limitée, qui fait plus sourire que rire.
Pour son premier long métrage, Sylvain Monod est parti d’un tandem. Ivan et Serge, deux losers d’environ 35 ans, gagnent leur vie en dansant le cha-cha-cha. Ils passent la plupart de leur temps en voiture, à sillonner les routes de France, au gré des concours organisés de danses rétro. Ils renvoient l’image d’un couple de vieux garçons, bourrés de manies auxquelles ils s’accrochent pour se démarquer l’un de l’autre et affirmer une liberté fictive. On imagine très bien les années de galère en marge du film, les projets ringards qui n’aboutissent jamais, la poisse tenace. Ivan (Amalric) est parfaitement lucide sur sa situation, plutôt du genre rentré, il n’aime pas étaler ses états d’âme, contrairement à Serge (Vuillermoz), râleur et adepte de la politique de l’autruche. Ils se supportent donc mutuellement, par habitude, par fidélité à une amitié de jeunesse, mais avant tout parce qu’ils n’ont pas le choix. Chacun renvoie à l’autre l’image de son propre ratage.
Une nuit, alors qu’ils dorment dans leur voiture sur la place d’un village, un braqueur surgit, une balle dans le ventre, mais un sac rempli d’argent dans les bras. Son intrusion subite va changer la donne et bousculer l’histoire. Car, à première vue, On a très peu d’amis est une petite comédie basée sur un comique de situation, qui met en scène des personnages paumés, dans les magouilles foireuses jusqu’au cou, fatigués d’eux-mêmes, malgré tout attachants, mais tout cela manque singulièrement de véritables aspérités. L’apparition du sac va engendrer un second départ, pousser la première peau du film, lui donner du relief et faire apparaître les zones d’ombre. Malgré leurs frustrations, les personnages semblent tous inoffensifs ; il n’empêche que le temps presse et cette chance inespérée de pouvoir enfin prendre le large va affoler les esprits. Le titre va alors prendre tout son sens.
Ce qui soude encore le noyau, c’est l’échec ; à partir du moment où il va y avoir un moyen de s’échapper, la devise va devenir « Chacun pour soi ». Les trahisons vont s’organiser en sourdine, Ivan hésitera plusieurs fois, un troisième larron tentera le coup. Serge, qui est le seul à agir et à penser au premier degré, n’y verra que du feu. C’est dans ce double niveau de perception et d’action que se joue le film et qu’il se sauve lui-même. Car, si les acteurs font exister leurs personnages Amalric utilisé ici en contre-emploi est parfait , si le fameux tandem Dedalus/Rabier de Comment je me suis disputé… ne parasite pas trop celui-ci, il reste que les dialogues ne sont pas assez travaillés on sourit, sans plus et que Monod filme sans grande imagination. Les quelques scènes de danse sont conventionnelles, et les cadrages enferment les personnages comme dans des photos de famille, donnant au film un côté vieillot, presque désuet.