Le cinéma britannique se suit et se ressemble. Tout comme la pop anglaise, dans le fond. Comparaison appropriée puisque 24 heures sur 24, ponctué par des standards de rhythm’n’blues et tourné en noir et blanc contrasté, a une parenté stylistique évidente avec certains clips. Tout comme La Haine, référence du réalisateur Shane Meadows, et auquel […]
Le cinéma britannique se suit et se ressemble. Tout comme la pop anglaise, dans le fond. Comparaison appropriée puisque 24 heures sur 24, ponctué par des standards de rhythm’n’blues et tourné en noir et blanc contrasté, a une parenté stylistique évidente avec certains clips. Tout comme La Haine, référence du réalisateur Shane Meadows, et auquel 24 heures sur 24 ressemble en plus elliptique, plus brouillon, plus sensible, plus drôle. Certes, on reste dans les schémas boy-scout du cinéma british récent un quinquagénaire tente de monter un club de boxe avec une bande de jeunes zonards, histoire de les sortir de leur marasme. Mais, en s’inspirant de ses propres expériences de délinquant, le réalisateur autodidacte exprime avec authenticité le hiatus rédhibitoire entre des adolescents désorientés et un monde adulte fruste et borné.
Le film reste parfaitement à mi-chemin entre drame et humour. On passe sans cesse de l’un à l’autre, et vice versa, sans jamais tomber dans le pathos larmoyant. Commencé dans la franche camaraderie, le premier entraînement d’un apprenti-boxeur un peu bouillant tourne à la baston en règle, c’est-à-dire irrégulière, aux antipodes du noble art. De même, le premier tournoi officiel du club débute dans une ambiance joyeusement déconnante et finit en désastre quand Darcy, l’entraîneur dévoué, sort à son tour de ses gonds pour aller démolir le père d’un de ses poulains dans une benne à ordures.
Malgré l’issue forcément fatale du processus, ce qui domine est une légèreté vivace, un parfum tenace d’Angleterre profonde, qui dépasse la commisération impuissante pour les victimes toujours romantiques du système libéral. Oubliées les antiennes mélodramatiques sur le déterminisme social quand Darcy invite sa grosse et vieille tante Iris à aller valser avec lui, ou quand il flirte timidement avec une jolie épicière. De telles scènes sont peut-être bien désuètes quoique pas dans la forme , mais elles permettent de sortir de l’exotisme ordinaire et monotone que représentent la drogue, la violence et la déchéance. En montrant de tels fléaux sans l’hystérie habituelle, le film de Shane Meadows propose une vision du quart-monde beaucoup plus humaine et normale qu’à l’habitude.
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