Les aventures horrifiques et burlesques du journaliste Raoul Duke (alias Hunter S. Thompson) et de son avocat le Dr. Gonzo, embarqués pour un voyage à Las Vegas avec pour mission un reportage sportif sur une course de motos dans le désert. Les deux lascars vont surtout en profiter pour ingurgiter une quantité impressionnante de drogues […]
Les aventures horrifiques et burlesques du journaliste Raoul Duke (alias Hunter S. Thompson) et de son avocat le Dr. Gonzo, embarqués pour un voyage à Las Vegas avec pour mission un reportage sportif sur une course de motos dans le désert. Les deux lascars vont surtout en profiter pour ingurgiter une quantité impressionnante de drogues et alcools divers, et halluciner sans interruption dans une ville déjà monstrueuse au naturel. Las Vegas parano est un roman phare de la contre-culture américaine signé Hunter S. Thompson, baroud d’honneur au pays des paradis artificiels et chant du cygne des années 70 et de la génération hippie, dont Terry Gilliam propose une lecture très fidèle, voire appliquée et plate. En effet, il s’agit moins pour Gilliam de transposer à l’écran une oeuvre littéraire grâce à des équivalences cinématographiques comme dans la conception académique de l’adaptation littéraire au cinéma que de se livrer à une simple mise en images du roman (et Gilliam confirme qu’il est davantage illustrateur que cinéaste). On comprendra alors que Las Vegas parano, tout en arborant fièrement sa fidélité à l’oeuvre originale et une virtuosité technique exubérante donc lassante , se transforme en exercice de style excitant (ou complètement hermétique) pour qui n’a pas lu le livre, mais désespérément sans surprise pour le fan de « journalisme gonzo ». Gilliam a trouvé le sujet idéal pour satisfaire son goût de la surcharge décorative et de la distorsion visuelle. Las Vegas parano est à ce niveau un trip convaincant. Au-delà des effets spéciaux attendus, on retiendra la durée exceptionnelle et aléatoire des scènes et des plans, qui transcrivent audacieusement la dilatation du temps provoquée par la drogue et plongent le spectateur dans une torpeur et une confusion nettement plus déstabilisantes que les effets faciles du grand-angulaire dont abuse une fois de plus le réalisateur. Le bon point du film est de ne mettre en scène que des scènes digressives, sans aucune progression dramatique, exactement comme dans le roman. Mais en regard d’une matière aussi riche, on est en droit d’être déçu, surtout si on songe au travail d’adaptation auquel s’était livré David Cronenberg, cinéaste nettement plus rigoureux que Gilliam, à partir de livres aussi difficiles que Le Festin nu et Crash. Crash est devenu en 1996 un film de Cronenberg. Las Vegas parano reste pour l’instant un livre de Hunter S. Thompson.
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