Americon way of life. Dans la nouvelle fournée des Inédits d’Amérique, deux films passionnants, deux critiques cinglantes du modèle américain.Les inédits d’Amérique : The Second civil war de Joe Dante, Crumb de Terry Zwigoff Deux oeuvres passionnantes issues des marges de la production normale : la télévision et le documentaire. The Second civil war a […]
Americon way of life. Dans la nouvelle fournée des Inédits d’Amérique, deux films passionnants, deux critiques cinglantes du modèle américain.Les inédits d’Amérique : The Second civil war de Joe Dante, Crumb de Terry Zwigoff
Deux oeuvres passionnantes issues des marges de la production normale : la télévision et le documentaire. The Second civil war a été tourné par Joe Dante pour la chaîne câblée HBO. Il semblerait qu’il n’y ait plus de place dans le cinéma hollywoodien pour Joe Dante, élève de Roger Corman subversif et iconoclaste. Heureusement la télévision lui donne l’opportunité de réaliser son film le plus ouvertement politique et formellement le plus audacieux. The Second civil war est une farce satirique qui retrace de façon crédible un événement improbable. Le gouverneur de l’Idaho, démagogue irresponsable, décide de fermer les frontières de l’Etat et menace d’expulsion tous les immigrés… Il crée ainsi une situation de crise explosive relayée par les médias qui conduira le pays à une nouvelle guerre civile. Dans son mimétisme de CNN, la multiplication des effets de direct et l’utilisation de la vidéo, le film de Dante se situe à la croisée de Tanner d’Altman et Docteur Folamour de Kubrick. Dante tourne en ridicule l’information spectacle, les dérives nationalistes de la droite, la guerre du Golfe. The Second civil war, plus terrifiant que drôle, est le film bilan de la politique américaine des années 90.
Crumb de Terry Zwigoff est également un film sur l’anti-Amérique. Ce documentaire dresse le portrait d’un personnage fascinant, Robert Crumb, figure de la contre-culture des années 60. Zwigoff a suivi quelques semaines cet artiste qui se distingue par son cynisme et son humour féroce tout autant que par son intégrité absolue. Au sommet de sa gloire, Crumb a en effet constamment refusé les compromissions commerciales. Ensuite, il s’est progressivement éloigné du psychédélisme et du rock pour se réfugier dans un univers de plus en plus fantasmatique et pornographique. Le film relie la biographie de Crumb à ses dessins, indissociables de sa vie et de ses femmes. Aux témoignages souvent accablants de ces dernières (Crumb est un obsédé sexuel, un misogyne patenté, mais c’est aussi un homme drôle, charmeur et intelligent) s’ajoutent les rencontres avec ses deux frères, déclassés absolus : l’un, Charles, vivant encore chez sa mère, reclus dans sa chambre à l’état de loque il se suicidera un an après le tournage du film , l’autre, Max, peintre raté, clochard-exhibitionniste-fakir complètement cinglé également, prouvent que Crumb a eu la chance de transformer ses phobies en créations artistiques. Issus d’une famille modeste de l’Amérique pavillonnaire, ces frères sont le témoignage des dérapages de l’american way of life. Crumb, qui affiche son mépris pour le progrès, l’Amérique et son culte de la consommation, préfère écouter ses vieux disques, s’habille comme un schnock et ressasse le même désir qu’il finira par accomplir au terme du documentaire : fuir son pays pour se retirer dans un village du sud de la France. Bref, un type admirable. La suite de ces Inédits d’Amérique au prochain numéro.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}